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- Lutte ouvrière n°2499
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Dans les entreprises
SNCF : la fin de la grève
La grève a duré dans la plupart des établissements SNCF jusqu’à la journée d’action du 14 juin contre la loi travail. Ce jour-là, les cheminots ont manifesté aux côtés des centaines de milliers de travailleurs pour continuer à exiger le retrait de cette loi.
Mais les mêmes assemblées, constatant qu’il n’y avait pas de nouveaux secteurs du monde du travail entrant dans la grève à leurs côtés à l’issue de cette journée, ont décidé d’arrêter leur mouvement. Les grévistes ont estimé avoir été au bout des possibilités de celui-ci, démarré le 1er juin.
En conclusion du conflit, la règlementation du travail actuelle doit donc être supprimée et remplacée à la SNCF par un accord d’entreprise. Si cet accord ne reprend pas toutes les dispositions très régressives de la convention collective du ferroviaire et du décret-socle, il institue en particulier une flexibilité accrue. Surtout, il ne constitue en rien une protection, puisqu’un de ses articles prévoit que localement, chaque établissement pourra déroger à l’accord d’entreprise et appliquer la convention collective avec l’appui de syndicats minoritaires.
Ainsi, sans même attendre l’arrivée de la concurrence en 2020, la direction possède dorénavant un arsenal juridique lui permettant d’augmenter la durée du travail, son amplitude, de supprimer des repos.
Pour autant, la direction et le gouvernement peuvent difficilement crier victoire. Car pour imposer dans les faits et dans la vie quotidienne les reculs qu’ils programment, il leur faudra passer par-dessus la résistance des cheminots.
Or l’immense majorité de ceux-ci a montré dès le 9 mars qu’elle s’oppose à cette dérèglementation. Et depuis début juin, dans de nombreux établissements, par exemple chez les agents de conduite, une large majorité a été en grève pendant deux semaines. Et quand, ailleurs, seule une minorité était en grève active, les grévistes savaient bénéficier du soutien, au moins moral, de leurs camarades de travail.
Les grévistes ont senti aussi, quelquefois à leur surprise, dans les distributions de tracts aux usagers, l’accueil chaleureux que ceux-ci leur réservaient, malgré la gêne occasionnée par le manque de trains. Pour beaucoup, c’était une preuve palpable de la solidarité de classe, d’un mécontentement qui, après avoir longtemps couvé, commence à s’exprimer.
Il n’y avait pas de trace de corporatisme dans ce mouvement et les contacts avec d’autres secteurs en lutte étaient souhaités et chaleureusement salués.
Dans les acquis du mouvement, figure aussi le fait que dans bon nombre d’endroits, comme les gares, des assemblées générales interservices se sont tenues, mêlant des grévistes de différents secteurs et même de différents établissements d’une région. Bien souvent ces AG ne se sont pas cantonnées à une succession d’interventions de dirigeants syndicaux, mais de réelles assemblées vivantes, contradictoires. Elles étaient aussi le cœur de la grève, organisant actions et manifestations. De multiples formes d’organisation de la grève ont existé, associant syndiqués et non syndiqués, jouant un rôle non négligeable dans l’animation de la grève. Et si le mouvement n’a nulle part dépassé le cadre fixé par les organisations syndicales qui l’ont dirigé de bout en bout, ces expériences multiples ont enrichi de nombreux grévistes. Ce sont des acquis de ce mouvement qui serviront dans les prochaines batailles.
Voilà pourquoi, loin d’être démoralisés, dans beaucoup d’endroits, les grévistes ont voté la reprise en étant fiers d’avoir relevé la tête aux côtés de centaines de milliers d’autres travailleurs du pays.