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Leur société
Mineurs isolés : une société barbare
Le 16 juin a été publiée une enquête commanditée par l’Unicef, l’agence de l’ONU dévolue à la protection de l’enfance, sur la situation des mineurs isolés dans des camps de migrants du Nord-Pas-de-Calais et de Normandie. Une soixantaine de témoignages d’enfants de 11 à 17 ans ont été recueillis, mais l’Unicef estime à 500 le nombre de jeunes sans famille présents sur ces sites. Le plus jeune aurait 8 ans. Ils viennent d’Afghanistan, d’Égypte, de Syrie, d’Irak, d’Érythrée et d’Éthiopie, de Guinée, du Koweït, du Vietnam, selon les auteurs du rapport.
Le sort des migrants adultes et de leurs enfants qui ont passé les obstacles et survécu aux dangers de la route de l’exil pour échouer dans les camps en France est déjà accablant. Alors, pour ces centaines d’enfants ou d’adolescents livrés à eux-mêmes, la situation est infernale. Les témoignages évoquent les difficultés à accéder aux distributions de repas, aux douches, la précarité des abris, les viols ou tentatives de viols. « Il vaut mieux mourir que de rester comme ça dans la jungle », a déclaré un Afghan de 12 ans lors de l’enquête.
Ces enfants ou adolescents ont souvent de la famille en Grande-Bretagne. Mais le passage leur est refusé, comme à tous, et certains tombent sous la coupe des réseaux de passeurs qui les emploient à des tâches de surveillance ou pour détourner l’attention de la police. L’enquête dénonce aussi la prostitution à laquelle des jeunes sont condamnés : cinq euros la passe pour entrer dans le camp ou pour espérer rassembler la somme nécessaire au passage clandestin au Royaume-Uni.
Le rapport de l’Unicef accuse les autorités françaises de violation de la Convention relative aux droits de l’enfant, ratifiée par la France bien évidemment. Il existe normalement une obligation légale d’accueil et de scolarisation pour les mineurs isolés étrangers, mais, faute de moyens, l’objectif est inaccessible d’autant plus que selon une association humanitaire, le nombre de mineurs isolés a augmenté de 24 % depuis le mois de mai.
Seules les associations humanitaires ou les initiatives généreuses viennent en aide à ces enfants et ces jeunes. Quant au gouvernement, la situation ne semble pas l’émouvoir, pas plus que celle des migrants en général d’ailleurs. Si le degré de civilisation d’un pays se mesure à la situation faite aux enfants, ce rapport de l’Unicef est un verdict sans appel pour le gouvernement actuel et pour un pays qui se prétend une terre d’accueil.