Panama Papers : coupable d’avoir dit la vérité22/06/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/06/2499.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Panama Papers : coupable d’avoir dit la vérité

Un informaticien du cabinet Mossack Fonseca a été arrêté à Genève. Il est suspecté d’avoir divulgué une grande masse de données confidentielles, livrant ainsi aux journalistes la preuve que de très nombreuses sociétés et d’importantes personnalités faisaient passer leur argent au Panama avec la complicité des plus grandes banques mondiales.

Impliqué dans ce scandale dit des « Panama Papers », le cabinet panaméen Mossack Fonseca s’était spécialisé dans la création de sociétés-écrans permettant aux clients des grandes banques de camoufler leur argent au fisc. La Société générale en avait créé 979, le Crédit agricole 1 129. Aucun des dirigeants de ces grands groupes n’a pour l’instant été inquiété, pas même le président de la Société générale, Frédéric Oudéa, convaincu d’avoir menti en déclarant au Sénat en 2012 que sa banque avait cessé toute activité dans les paradis fiscaux.

Quant aux riches clients français, ils ont tout loisir de s’arranger avec le fisc sans encourir le moindre procès. Un service de traitement des déclarations rectificatives s’en occupe à Bercy, et son activité est en hausse après les Panama Papers, a ironisé le ministre des Finances Michel Sapin.

Cette indulgence est de mise dans tous les pays. Elle contraste avec la célérité à traquer ceux qui ont permis à la vérité d’éclater au grand jour. Dès le lendemain des révélations, la police panaméenne a perquisitionné les locaux du cabinet pour trouver l’auteur des fuites. Ramon Fonseca s’était alors écrié : « On cherche enfin les vrais criminels. » Et depuis lors le cabinet a déposé des plaintes dans plusieurs pays, dont l’une a abouti à l’arrestation de l’informaticien à Genève.

Ramon Fonseca énonçait en fait une loi de la société capitaliste, dans laquelle les « vrais criminels » ne sont pas ceux qui détournent des centaines de millions mais ceux qui révèlent ces trafics.

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