Dialogue social : circulez, il n’y a rien à voir22/06/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/06/2499.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dialogue social : circulez, il n’y a rien à voir

« Il y a eu le temps du dialogue. La démocratie sociale, ce n’est pas l’expression permanente de la contestation, c’est le respect des temps démocratiques. Maintenant, il faut aller vite et faire adopter ce texte », déclarait Valls au Journal du Dimanche du 19 juin.

Circulez, on vous a assez vus, les manifestants, les grévistes, ceux qui refusent la loi travail et, au-delà, le mépris de Hollande et du gouvernement pour ceux qu’un de leurs prédécesseurs nommait « la France d’en-bas » ! Place aux partenaires idéaux, chers au cœur du Premier ministre, les « syndicats réformistes » grâce auxquels une mouture du projet aurait été bâtie, en collaboration avec « la majorité socialiste ».

Valls a dépouillé son costume de la mi-mars, celui du chef de gouvernement « à l’écoute », reconnaissant des « erreurs », assurant que « réformer, ça n’est pas passer en force, ça n’est pas brutaliser ». C’était d’ailleurs à l’en croire le vrai sens de l’usage de l’article 49.3 devant l’Assemblée, il se serait agi de se réserver la possibilité d’obtenir un « compromis » avec la CFDT et la CFTC.

Mais, une fois sifflée la fin de la récréation, il n’est plus question de dialogue, mais de menace. Toujours majoritairement rejetées à 60 % au moins selon les sondages, la loi El Khomri et les attaques antiouvrières de ce gouvernement continuent pourtant de mobiliser. Dans son ardeur à monter encore le ton face à l’opinion ouvrière, Valls a même pris le risque de s’aliéner la CFDT elle-même, qui s’est sentie obligée de se démarquer des propos provocants du Premier ministre et de son ministre de l’Intérieur. Son secrétaire général, Laurent Berger, a affirmé qu’il fallait « donner la possibilité à chacun de manifester dans de bonnes conditions ». Il n’a en effet pas « tellement envie qu’on victimise la CGT », a-t-il avoué.

Au-delà de certaines préoccupations boutiquières, Berger mesure sans doute aussi à quel point la contestation du gouvernement est profonde. On comprend qu’il cherche à se dissocier de celui-ci…

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