Coursier autoentrepreneur : fausse indépendance, vraie surexploitation22/06/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/06/2499.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Coursier autoentrepreneur : fausse indépendance, vraie surexploitation

Un coursier livreur de repas à domicile a attaqué aux Prudhommes son ancien employeur, la start-up Tok Tok Tok. Deux de ses collègues veulent en faire autant. Ayant été employé comme autoentrepreneur, il exige une requalification de son contrat en tant que salarié en CDI.

Le conseil des prudhommes de Paris a renvoyé le dossier devant un juge professionnel et l’affaire ne sera pas jugée avant un an minimum. Théoriquement ce coursier était travailleur indépendant et non salarié. Avec un tel statut on n’a droit qu’à la protection sociale qu’on se paye, donc pas de congés payés, ni d’allocations chômage, seulement une protection minimale en cas d’accident ou de maladie et une retraite plus faible. Lorsqu’il a eu un accident de vélo, la société lui a simplement souhaité un bon rétablissement !

Pourtant il était bel et bien un employé de cette société, un « faux indépendant et un vrai salarié », selon ses propres termes. Il devait porter la tenue de l’entreprise, il lui fallait se connecter à certaines heures pour obtenir des livraisons, il lui était interdit de faire des courses pour d’autres employeurs pendant deux ans.

Toutes les entreprises de ce genre gèrent directement la comptabilité avec les restaurateurs qui utilisent leur système de livraisons. Elles imposent aux livreurs des tarifs à la course, 7,5 euros brut par exemple comme chez Take Eat Easy, ou parfois un fixe horaire du même niveau avec éventuellement un bonus, et elles ne versent pas de cotisations sociales. Le patron de Deliveroo, une autre entreprise de ce secteur qui prospère, vante la flexibilité du système, le fait que les livreurs peuvent travailler quand ils veulent, tout en pratiquant leur sport favori ! Ils peuvent même, prétend-il, se faire de bonnes payes. Mais à quel prix ? En travaillant sept jours sur sept et en roulant comme des fous avec le risque d’accident que cela comporte.

Avec l’augmentation du chômage, dans de nombreux secteurs, des patrons ont réussi à généraliser un statut qui ne leur impose plus aucune contrainte. En face, les travailleurs sont prétendument libres de signer ou non le contrat, en fait de choisir entre le chômage et une exploitation accrue. C’est la disparition des quelques protections liées au statut de salarié, un avant-goût de ce que permettra partout la loi travail.

Partager