Conseil départemental Saint-Brieuc : un mouvement de colère22/06/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/06/2499.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Conseil départemental Saint-Brieuc : un mouvement de colère

Lundi 13 juin, l’intersyndicale (CGT, CFDT, FO, SUD) a déposé un préavis appelant les employés du conseil départemental des Côtes-d’Armor à la grève. Comme pour les employés communaux auparavant, la majorité de droite qui a pris la tête du conseil départemental en 2015 voulait remettre en cause un accord datant de 2000.

Dans cet accord, les heures supplémentaires ne sont pas payées mais des emplois ont été créés en « compensation », ainsi qu’un horaire modulé entre 33 h 30 et 34 h. En fait, dans bien des services, en particulier ceux touchant au domaine social, le personnel fait davantage d’heures (39 h et plus) sans compensation financière.

L’objectif des élus est de mettre les 3 300 agents du conseil départemental à 1 607 h annuelles, soit 70 heures en plus, et d’instaurer du salaire au mérite. L’augmentation des heures de travail passerait aussi par la suppression de huit jours de congés.

C’est cette volonté d’imposer leur projet en force, dénigrant en plus le personnel, qui a entraîné la colère des agents.

Lundi 13 juin, plus de 500 grévistes ont occupé la salle du conseil où une réunion devait se tenir pour examiner les comptes. Pour montrer leur détermination, une tente avait été montée dans l’hémicycle. Le président et le vice-président chargé du personnel ont alors refusé de s’expliquer devant le personnel et ont quitté la salle sous les huées des grévistes. Puis des débrayages concernant plusieurs centaines de salariés ont eu lieu toute la semaine.

Vendredi 17 juin, une réunion entre délégués syndicaux et élus du conseil, programmée de longue date, devait se tenir. L’intersyndicale a invité l’ensemble des grévistes à occuper la salle pour assister aux débats. L’attitude du vice-président du conseil, exigeant leur évacuation et affichant son mépris pour le personnel, a fait monter la colère des grévistes présents. Du coup, la réunion a été annulée et c’est sous les quolibets et les cris d’exaspération que président et vice-président ont quitté la salle en courant. Cadec, le président dudit conseil, ayant déclaré il y a quelque temps qu’il était « le papa » des 3 300 agents du conseil départemental, sa fuite lui a valu la reprise par les grévistes de la chanson de Stromaë : « Où t’es, papa où t’es ? »

L’occupation de la salle du conseil s’est alors poursuivie et devant la presse présente, plusieurs salariés ont témoigné de leurs conditions de travail : les horaires à rallonge, les dossiers sociaux que l’on ne peut pas toujours suivre faute de moyens... une employée a calculé que ses heures supplémentaires non payées pendant un an équivalaient à douze jours de congés !

On est loin de l’image de fainéants et de privilégiés que les dirigeants du conseil départemental tentent de donner des employés de cette collectivité. Comme témoignait un autre salarié, « s’il faut faire des économies, que les élus cumulards montrent l’exemple et ceux qu’ils servent aussi ».

Dans cette collectivité, comme à la mairie ou à l’agglo, bien des agents ayant des statuts précaires risquent de perdre leur emploi, alors que le travail ne manque pas, loin de là : ce n’est pas du personnel en moins qu’il faut, mais des embauches.

L’après-midi, les grévistes ont tenté de rencontrer à nouveau Cadec, parti à une réunion chez les pompiers qui sont, eux aussi, en colère contre la réorganisation de leur service. Mais encore une fois, ce courageux « papa » a préféré prendre la poudre d’escampette au lieu d’affronter le personnel.

Lundi 20 juin, une nouvelle rencontre entre l’intersyndicale et le président du conseil n’a rien donné. Une assemblée générale était prévue le 22 juin pour décider de la suite.

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