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Leur société
IVG : le bluff du gouvernement
À l’occasion de la journée mondiale pour le droit à l’avortement, la ministre de la Santé et des Droits de la femme a lancé, à renfort de publicité médiatique, une campagne de communication et d’information sur l’IVG, l’interruption volontaire de grossesse.
Première mesure, un numéro téléphonique national a été créé, confié au Mouvement français du planning familial : au bout du fil, après qu’un disque demande à l’appelante de bien vouloir taper le numéro de son département de résidence, une conseillère répond, qui n’est autre que celle qui répondait auparavant au numéro départemental. Pas une seule embauche, pas une seule conseillère supplémentaire.
L’autre mesure consiste en la réalisation d’affiches proclamant, à juste titre, le droit des femmes à disposer librement de leur corps. Et les slogans sont reproduits sous forme de décalcomanies qui peuvent être commandées sur le site du ministère afin de pouvoir se les coller sur la peau. « J’ai voulu dire aux femmes qu’elles peuvent décider librement de ce qu’elles font de leur corps » déclare Marisol Touraine ! Mais, et la ministre le sait, ce n’est pas de décalcomanies dont les femmes ont besoin quand elles choisissent de mettre un terme à une grossesse non désirée.
La loi autorisant l’IVG et dépénalisant l’avortement a été votée il y a maintenant plus de 40 ans. Des aménagements législatifs y ont été apportés permettant notamment le remboursement à 100 % par l’assurance maladie et l’allongement du délai légal au terme duquel l’IVG peut être pratiquée. Le délai de réflexion de sept jours après la première consultation médicale vient d’être supprimé. De même, les sages-femmes sont désormais autorisées à pratiquer les IVG médicamenteuses. Ce sont de bonnes choses. Mais pour que toutes les femmes qui souhaitent interrompre une grossesse puissent le faire, il faudrait investir les moyens financiers et humains nécessaires.
Or des milliers de femmes – 5 000 femmes dit le planning familial – sont contraintes de se rendre à l’étranger faute d’avoir trouvé une solution de proximité dans les délais légaux. Cela parce que, pour des raisons de rentabilité financière et d’économies dans les services publics, 180 centres d’IVG ont été fermés ces dix dernières années ; parce que des médecins peuvent faire jouer la clause de conscience qui les autorise à ne pas pratiquer cet acte médical ; et aussi parce que des établissements de santé peuvent considérer que le forfait qui rétribue cet acte n’est pas suffisamment rémunérateur.
Pour répondre à ces problèmes, il faudrait tout autre chose que des déclarations ronflantes et des effets de communication.