France-Égypte : Mistral gagnants30/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2461.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

France-Égypte : Mistral gagnants

Prévus pour être livrés à la Russie en 2015, les deux porte-hélicoptères Mistral, le Vladivostok et le Sébastopol, en attente dans le port de Saint-Nazaire, ont finalement été vendus au gouvernement égyptien du maréchal Sissi.

L’affaire devait rapporter gros aux industriels de l’armement, la commande se montant à un milliard d’euros, sans compter le prix de la formation de 400 marins russes. Las, la diplomatie française a bloqué la transaction avec le gouvernement de Poutine, client devenu infréquentable en raison de son rôle dans le conflit ukrainien.

En bon commerçant, le gouvernement français devait indemniser le client russe non seulement pour la commande non honorée mais aussi pour les frais d’adaptation des équipements portuaires en Russie. Autre problème, le coût de stationnement des deux bâtiments dans le port de Saint-Nazaire revenait à plus d’un million d’euros par mois. Enfin – c’est le problème du sur-mesure – les deux Mistral avaient été construits en fonction des besoins spécifiques de la marine de guerre russe, les ponts adaptés à la taille de leurs hélicoptères, les systèmes de dégivrage en cas de grands froids installés, sans parler des normes électriques.

La solution à ces délicats problèmes commerciaux a été l’intérêt subit du haut commandement militaire égyptien pour les deux Mistral restés en rade. Bon client, le gouvernement d’al-Sissi dispose déjà d’un compte auprès des marchands d’armes français, DCNS, Dassault, Thales et autres STX : il a acquis pour un milliard d’euros quatre corvettes Gowind, pour 900 millions une frégate Fremm, pour trois milliards, vingt-quatre Rafale, et quelques autres avions de combat. Il suffit d’affirmer que le régime dirigé par l’état-major égyptien est nettement plus « démocratique » que celui de Poutine, et le tour est joué. Al-Sissi n’a en effet à son actif que la mort de centaines d’opposants et l’emprisonnement de milliers d’autres à la suite de la répression, et sa participation aux côtés de l’Arabie saoudite à la sanglante guerre du Yémen !

STX, Thales et DCNS, de leur côté, ne perdront pas un centime dans l’affaire : ils seront indemnisés à 100 %, y compris, pour les deux premiers, pour leur marge bénéficiaire.

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