Macron-Aubry : il faut bien donner le change30/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2461.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Macron-Aubry : il faut bien donner le change

« Macron, ras le bol » : Martine Aubry, maire socialiste de Lille s’exprimant sur France Inter, a répété ses attaques contre le ministre de l’Économie et des Finances. Elle a même ajouté qu’elle supportait de moins en moins « l’arrogance » et « l’ignorance ». C’était une réponse aux propos du ministre contre le statut des fonctionnaires qui ne serait « plus justifiable, (…) plus adapté (…) au monde tel qu’il est ».

Il s’en est suivi, de la part de la maire de Lille, une défense des fonctionnaires qui l’ont aidée à métamorphoser sa ville, un plaidoyer pour sa loi des 35 heures grâce à laquelle « on a travaillé deux milliards d’heures en plus en 2000 comparé à 1997, (…) embauché deux millions de personnes supplémentaires », tout en permettant « une amélioration des conditions de vie ». Maintenant que les entreprises ont retrouvé leurs marges, il est temps, dit-elle, de « renouer avec la croissance » et elle « souhaite » que le gouvernement « réussisse » à le faire.

Au moment où non seulement Macron, mais aussi Hollande et Valls mènent une politique qui attaque de plus en plus durement les travailleurs, leur protection sociale et le droit du travail, au nom de la priorité à l’entreprise et de la croissance des profits, Aubry et un certain nombre de responsables socialistes voudraient apparaître comme différents.

Mais en fait Martine Aubry est guidée par les mêmes priorités. Elle a réaffirmé qu’elle connaît l’entreprise pour y avoir travaillé comme numéro deux de Péchiney, sans préciser qu’à cette époque, la direction ferma une usine de plus d’un millier de travailleurs près de Pau. Elle aussi a mis en place le contrôle des chômeurs, quand elle était ministre du Travail en 1992 ; elle aussi a tenu compte de la souplesse à offrir aux entrepreneurs, comme dans la loi sur les 35 heures avec « l’annualisation du temps de travail, que les Allemands veulent mettre en place sans y arriver, le travail le week-end ». Bref, Aubry a servi le patronat, comme Macron, Valls et les autres. Comme lui, elle a laissé les mains libres aux patrons pour imposer aux travailleurs des horaires invraisemblables quand les commandes affluent et du chômage imposé quand les affaires ralentissent.

Au moment où Macron soigne ses petites phrases provocatrices et propatronales à destination de l’électorat de droite, Martine Aubry voudrait s’en démarquer pour cibler l’électorat de gauche. Il n’est pas dit que cela suffise à dédouaner le Parti socialiste et à lui redonner des couleurs, en vue des élections.

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