Espagne : élections catalanes, où sont les intérêts des classes populaires ?30/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/10/2461.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : élections catalanes, où sont les intérêts des classes populaires ?

Le 27 septembre, les élections au Parlement de la Généralité de Catalogne, une des plus importantes et des plus riches régions d’Espagne, ont été marquées par une forte participation, dépassant les 77 %.

Au-delà du renouvellement des élus était posée la question du statut de cette région, dont une partie de la population réclame une plus grande autonomie, voire l’indépendance vis-à-vis de l’État espagnol.

Le président sortant du gouvernement de la Généralité, Artur Mas, menait campagne en faveur de l’indépendance, faisant le calcul qu’en s’appuyant sur la coalition de la droite indépendantiste et en misant sur un mécontentement populaire indéniable, il pourrait remporter la majorité des voix et la majorité des sièges, et ainsi rester le président de la région en se prévalant d’un large consensus.

Les grandes manifestations annuelles lors des Diadas, la traditionnelle fête nationale de la Catalogne, tout comme la participation massive de la population, il y a un an, à un référendum – interdit par Madrid – sur le droit de décider de l’avenir de la région étaient autant de raisons pour la droite indépendantiste d’espérer franchir de nouveaux pas vers l’indépendance. Mas tablait, pour ces élections de septembre 2015, sur une majorité absolue des sièges au Parlement catalan et sur la majorité absolue des votes exprimés, mais il a perdu son pari.

Si les votes en faveur de l’indépendance (48 %) ont été importants, la majorité absolue n’a pas été atteinte. La coalition « Ensemble pour le oui » (à l’indépendance) des partis de Mas et Junqueras n’a obtenu que 62 sièges, 12 de moins que précédemment. Cela ne permet pas à Artur Mas d’être réélu à la tête de la Généralité. Bien sûr des voix se sont portées aussi sur un autre parti indépendantiste, les Comités d’union populaire (CUP) qui se situent à gauche et se déclarent anticapitalistes, qui ont obtenu dix sièges, soit sept de plus qu’auparavant. Mais les CUP ont tenu à dire qu’ils ne soutiendront pas Mas pour sa candidature au poste de président de la région.

Hors du camp des partisans de l’indépendance, le Parti populaire du Premier ministre Mariano Rajoy recule fortement, en perdant 12 sièges. Mais divers autres partis non partisans d’une rupture avec Madrid tirent leur épingle du jeu. C’est en particulier le cas de Ciudadanos, situé à droite, qui obtient 25 sièges. La formation de gauche PSC, version catalane du Parti socialiste, se maintient. Quant à la coalition de Podemos et Izquierda Unida, elle n’obtient qu’un score décevant et 11 députés.

Cette élection régionale est la dernière avant les élections générales qui auront lieu en décembre et constitueront un enjeu pour l’ensemble de l’État espagnol, puisqu’elles aboutiront à la désignation du prochain gouvernement. Force est de constater qu’en Catalogne, tout comme au niveau de l’ensemble du pays, les intérêts des classes populaires ne sont défendus par aucun des partis en compétition et ils ne sont pas même au cœur des débats.

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