Congrès HLM : la construction sociale livrée aux banques30/09/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/09/dessinp7.jpg.420x236_q85_box-0%2C302%2C1167%2C958_crop_detail.jpg

Leur société

Congrès HLM : la construction sociale livrée aux banques

Lors du récent congrès des HLM à Montpellier, Hollande a confirmé une baisse du financement, déjà dérisoire, des logements sociaux par l’État.

Illustration - la construction sociale  livrée aux banques

Cela n’a pas gâché la fête pour Jean-Louis Dumont, président de l’Union sociale pour l’habitat (USH) qui fédère les organismes HLM. Ce député PS, successeur en 2012 d’un sénateur PS devenu ministre, a reçu la ministre du Logement Sylvia Pinel « en amie » et a fait applaudir Hollande par un parterre composé en partie de promoteurs qui font leurs affaires avec le logement social.

Quant à la vice-présidente de l’USH, Marie-Noëlle Lienemann, aujourd’hui critique de Hollande, elle a été deux fois ministre PS du Logement dans des gouvernements qui n’ont pas résorbé la file d’attente, forte aujourd’hui de 1,7 million de demandes de logement. En 2012, Hollande avait promis la construction chaque année de 150 000 logements sociaux seulement, mais même cela n’a pas été tenu. Il n’y en a eu que 113 000 l’année dernière et, une fois déduites les démolitions et les ventes de logements anciens, le bilan dépasse à peine 60 000, majoritairement dans la fourchette haute des loyers, et donc inaccessibles au plus grand nombre.

La situation ne risque pas de s’arranger avec l’annonce, faite par Hollande, qu’à partir de 2016 l’État versera 250 millions d’euros d’aides à la construction de logements sociaux, soit moins que les 400 millions inscrits dans le budget pour 2015. En réalité, les prévisions de versements pour 2015 ont été ramenées à moins de 200 millions et les organismes HLM craignent de nouveaux gels ainsi qu’une ponction de l’État dans le fonds où ils placent une partie de leur argent.

Ces restrictions sont autant de signaux donnés aux banques : le financement de la construction et de la rénovation de logements sociaux, 16 à 20 milliards d’euros par an, leur appartient sans échappatoire possible pour les organismes HLM. Selon le directeur du groupe 3F, l’aide de l’État est de 6 500 euros pour un logement qui en coûte 18 000, ce qui oblige à puiser dans les fonds propres, autrement dit l’argent des loyers, et à recourir à des emprunts. Les organismes HLM les remboursent ensuite d’année en année, avec les intérêts, en surchargeant encore davantage les loyers.

Les taux d’intérêt, il est vrai, sont actuellement à la baisse mais, dans le cas d’un financement par le livret A qui ne rapporte plus que 0,75 % depuis juillet dernier, c’est au détriment de ceux qui, dans les milieux populaires, ont encore un peu d’argent à épargner. Les banquiers n’ont évidemment pas le même souci, d’autant que, depuis qu’ils se partagent avec les caisses d’épargne la collecte de l’argent du livret A, ils prélèvent une forte commission sous prétexte de frais de gestion.

Cependant, sous les applaudissements de la salle, Hollande a annoncé une diminution des prélèvements des banques. Mais, même si cette promesse est tenue, elles ponctionneront encore 750 millions d’euros, soit trois fois le montant des subventions pour le logement social promises par Hollande l’année prochaine.

Partager