Ségolène Royal et les zones inondables : Des paroles, à quand les actes ?24/09/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/09/une2408.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ségolène Royal et les zones inondables : Des paroles, à quand les actes ?

Au moment où s'ouvrait le procès des responsabilités dans la mort de 29 personnes à La Faute-sur-Mer, en Vendée, au cours de la tempête Xynthia de février 2010 (qui avait fait 53 victimes au total), la ministre de l'Écologie Ségolène Royal énumérait dans Le Parisien du 14 septembre les quelques mesures prises par l'État pour qu'une telle catastrophe ne se reproduise plus.

Le moins que l'on puisse dire est qu'elles apparaissent dérisoires pour contrer la rapidité de la montée des eaux lors d'épisodes climatiques violents, et permettre à la population d'évacuer à temps les zones à risque. Sa « stratégie nationale du risque inondation va en effet de l'équipement des familles en kits de survie - sans préciser de quoi il s'agit ni qui le paiera - , de l'amélioration des alertes jusqu'au changement des méthodes de construction avec des maisons surélevées ». Moyennant cela, en plus de la surélévation et de l'entretien des digues, il serait possible de vivre sans danger dans des zones inondables.

Oubliés par Ségolène Royal les constructions désordonnées sur des sites touristiques au bord de mer ou de rivière, pour le plus grand profit des promoteurs immobiliers, et le bétonnage des sols qui empêche l'absorption de l'eau en cas de crue. Oubliée, la responsabilité de certains maires qui accordent les permis de construire n'importe où sans se soucier d'établir un plan de prévention des risques ou l'organisation des secours. Oubliée, surtout, la responsabilité de l'État qui laisse faire et qui, de plus, se désengage de la sécurité de ces zones pour en laisser la responsabilité aux communes sans leur en donner les moyens.

Dix-sept millions de personnes vivent en France dans une zone inondable, soit une sur quatre. Certes, la majorité d'entre elles ne courent pas de risques vitaux, tout au plus le désagrément de voir leur habitation souillée, leurs meubles ou leurs souvenirs détruits, avec la crainte souvent justifiée de ne pas être correctement indemnisés. Tous ces dommages pourraient effectivement être évités si les constructeurs tenaient compte des risques d'inondation au lieu de viser seulement leurs marges.

Il est vrai aussi que, lors de ce que l'on appelle les « épisodes cévenols », de violents orages peuvent en quelques minutes transformer un ruisselet en un torrent dévastateur de façon si brutale que même des terres agricoles n'arrivent plus à absorber l'eau et sans qu'il soit possible de déterminer à l'avance où ce phénomène arrivera. Mais à ­Lamalou-les-Bains, dans l'Hérault, où quatre personnes ont péri le 18 septembre, le camping dans lequel elles s'étaient installées avait, lui, été construit en toute connaissance de cause en zone inondable.

Protéger les populations exposées au risque d'inondation nécessiterait une intervention de l'État allant bien au-delà des vagues mesures proposées par Ségolène Royal ou de l'établissement de cartes de zones à risques, qui ne sont qu'un minimum. Mais l'État laisse les communes se débrouiller seules pour faire face aux dépenses indispensables, telles que restaurer ou rehausser les digues de bord de mer, curer régulièrement le lit des rivières et aménager des bassins de rétention d'eau si nécessaire. De même, il se garde bien d'entraver les agissements des bétonneurs et des promoteurs qui construisent n'importe où et profitent au contraire de complicités à différents niveaux pour faire leur beurre.

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