Producteurs de légumes : Un combat légitime24/09/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/09/une2408.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Producteurs de légumes : Un combat légitime

Dans la nuit du vendredi 19 au samedi 20 septembre dans le Finistère, des producteurs de légumes en colère ont dévasté et incendié le centre des impôts et la Mutualité sociale agricole de Morlaix. Valls s'indigne et promet des poursuites judiciaires, rappelle le soutien accordé aux filières agricoles et déclare que la seule solution est le dialogue.

Les producteurs de légumes se plaignent du fait que leurs coûts de production, leurs charges et leurs impôts ne cessent d'augmenter, tandis que leurs prix de vente stagnent ou régressent. Cette situation est cette année aggravée par une bonne récolte, donc une abondance qui fait baisser les prix, et en plus par l'embargo russe, si bien qu'il ne leur reste pas de quoi vivre décemment.

Ces agriculteurs se retrouvent coincés entre, d'un côté les grands groupes de la chimie et des équipements agricoles, et de l'autre les sociétés de la grande distribution et de l'import-export. Leur position intenable fait qu'ils s'en prennent à l'État, responsable à leurs yeux de ne pas leur assurer une place et des revenus justes dans le marché national et mondial, et en même temps ils réclament que ce même État les aide.

Les producteurs de légumes ont raison de se défendre car le gouvernement, comme ses prédécesseurs dévoués au grand capital, se moque d'eux. Leurs organisations syndicales et professionnelles se sont rangées à leurs côtés. Sans doute veulent-elles ne pas se couper de leur base, mais sans doute aussi certains de leurs dirigeants ne voient pas d'un mauvais oeil cette épine dans le pied du gouvernement socialiste. La FDSEA, Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles, s'est montrée entièrement solidaire. Sans aller jusqu'à justifier les destructions, son président a déclaré : « Je tire un coup de chapeau à ceux qui ont osé faire ce qu'ils ont fait. C'est une forme de témoignage pour dire : écoutez-nous ! » Le président de la FNSEA, la Fédération nationale, a reconnu que cette violence « traduit malheureusement une exaspération, une détresse très fortes dans le monde agricole ».

Le mécontentement des agriculteurs éclate périodiquement, sous une forme parfois violente. Il y a quelques mois, il le faisait dans le cadre de la révolte dite des Bonnets rouges bretons contre l'écotaxe. Le motif est tantôt les taxes et impôts, tantôt le prix du lait, tantôt les cours des fruits et légumes. Mais la raison fondamentale de ces flambées est cette économie fondée sur la concurrence et sur la recherche du profit et qui écrase les producteurs.

Comme toutes les luttes, celle qu'ont engagée les légumiers finistériens rassemble derrière un même objectif des gens et des intérêts divers. Comme à chaque fois, les plus gros mettent à profit la colère des producteurs plus petits pour faire valoir leurs intérêts matériels, et quelquefois politiques. Mais le combat des paysans-producteurs, pris en tenaille entre les gros de la distribution, les banques et les lois du marché est légitime. De ce point de vue, il n'est pas opposé aux revendications du monde du travail, au contraire, il les rejoint.

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