Espagne : L'indépendance de la Catalogne, une voie sans issue pour les classes populaires24/09/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/09/une2408.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : L'indépendance de la Catalogne, une voie sans issue pour les classes populaires

Il est encore impossible de dire si le référendum prévu le 9 novembre pour décider de l'indépendance ou non de la Catalogne aura vraiment lieu

Le projet de texte adopté le 19 septembre par le Parlement de la Généralité de Catalogne prévoyait de poser aux électeurs deux questions. La première demandait s'ils considéraient que la Catalogne était un État, et la seconde s'ils voulaient que cet État soit indépendant. Il allait de soi que l'indépendance impliquait la redéfinition des relations financières, budgétaires et administratives vis-à-vis de l'État central espagnol, qui constitutionnellement n'est pas un État fédéral.

Tollé du gouvernement central

La réponse du pouvoir central de Madrid n'a pas tardé. Rajoy, le chef du gouvernement espagnol, a affirmé qu'un tel référendum serait anticonstitutionnel, en rupture avec le déroulement normal des discussions concernant les statuts des 17 autonomies du pays. Il précisait que la mise en place de cette consultation entraînerait une rupture sans appel.

Face à cette intransigeance, Artur Mas, le leader de la droite catalaniste, a choisi de s'orienter vers une tentative de négociation avec Madrid. Et à ce jour Rajoy et Mas sont discrets sur le contenu de leurs pourparlers. Preuve que la transparence et la démocratie ne sont pas le fort de ces dirigeants qui discutent du sort de la population.

Soutien aux mouvements nationalistes et mécontentement populaire

Il est clair qu'une grande partie de l'audience des courants nationalistes en Espagne, que ce soit en Catalogne, au Pays basque, en Galice ou ailleurs, est liée à la crise, au chômage, à la détérioration des conditions de travail, aux régressions sociales.

Ce qui préoccupe une partie de ceux qui se tournent vers les nationalistes n'est pas la défense des droits culturels, linguistiques ou administratifs de telle ou telle région. Les centaines de milliers de personnes qui sont descendues dans la rue à Barcelone pour célébrer la fête nationale catalane voulaient d'abord pour beaucoup exprimer leur mécontentement.

Beaucoup répètent sans trop y croire que tous les maux viennent de Madrid, qui prélèverait trop d'impôts sans donner de compensations suffisantes en échange. Mais beaucoup sont conscients aussi que les dirigeants catalans sont aussi au service des banquiers, des patrons et des notables locaux, aussi corrompus que ceux de l'État central.

Les dirigeants des grandes ban-ques du pays, à l'annonce du référendum catalan et de l'éventualité d'une sécession de la Catalogne, n'ont pas tardé à se faire entendre.

Deux des cinq principales banques d'Espagne, Caixa Bank et Sabadell, ont leur siège à Barcelone. Elles font entre 65 % et 80 % de leurs affaires hors de Catalogne. Elles dépendent par ailleurs, pour leurs opérations financières à l'étranger, de montages complexes impliquant d'autres établissements bancaires espagnols ou internationaux. Elles n'ont pas caché qu'elles ne sacrifieraient pas leurs intérêts généraux à la survie d'une économie catalane isolée sur la scène mondiale, voire coupée de l'Europe. Le parti de la gauche nationaliste, l'ERC, allié de Mas, a donc beau préconiser la mise en place d'une banque publique destinée à venir au secours du patronat régional et en particulier des moyennes et petites entreprises, les conséquences économiques d'une indépendance seront lourdes à gérér.

Les classes populaires n'ont pas d'illusion à avoir. Qu'elle soit autonome ou devienne indépendante, si demain l'économie de la Catalogne est en difficulté, c'est aux classes populaires que les possédants demanderont de payer les pots cassés.

Le monde du travail a d'autres perspectives à défendre que celles des partis nationalistes, de droite comme de gauche. Les travailleurs ont à s'organiser, à défendre leurs intérêts par la lutte, à mettre en avant les objectifs qui sont aussi ceux du monde du travail des autres régions pour construire un rapport de forces en leur faveur au niveau de toute l'Espagne.

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