Tilly-Sabco, Guerlesquin (Côtes-d'Armor) : Après la cessation de paiement 150 salariés devant le tribunal de commerce24/09/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/09/une2408.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Tilly-Sabco, Guerlesquin (Côtes-d'Armor) : Après la cessation de paiement 150 salariés devant le tribunal de commerce

Lundi 22 septembre, le PDG de Tilly-Sabco, entreprise exportatrice de poulets, annonçait que celle-ci se déclarait en cessation de paiement. Il demande au tribunal de commerce de Brest d'opter pour une liquidation judiciaire assortie d'une poursuite d'activité, en attendant que se présente un repreneur.

Dès le lendemain, 150 salariés parmi les 330 de l'entreprise se sont retrouvés devant le tribunal de commerce de Brest. Ils y sont allés en accord avec le PDG. Celui-ci, depuis des mois, se pose en défenseur des salariés et des éleveurs de poulets, avec l'appui des représentants CGT et CFDT, dont il n'a pas manqué de souligner le sens des responsabilités. D'après lui, ce qui aurait plombé l'entreprise serait la fin brutale des restitutions à l'exportation.

Cela fait des mois que les travailleurs redoutaient cette décision. Jusque-là, contrairement aux autres salariés de l'agroalimentaire breton, ils avaient échappé à la vague de licenciements de l'an dernier. Mais ils étaient conscients de pouvoir connaître le même sort à plus ou moins brève échéance. Et ils s'étaient retrouvés dans les manifestations côte à côte avec ceux de Doux qui comme eux travaillent le poulet, mais aussi avec ceux de Gad qui travaillent le porc et ceux de Marine-Harvest qui conditionnent le saumon. Le même sentiment d'intérêts communs à tous les avait poussés à manifester parmi les Bonnets rouges avec de nombreux salariés sous la conduite de Troadec, maire régionaliste de Carhaix, et d'agriculteurs et de petits patrons hostiles à l'écotaxe, qui donnaient le ton au nom de l'union entre patrons et ouvriers.

Depuis, même lorsque les travailleurs manifestent, l'union derrière le patron prédomine chez Tilly-Sabco. Il présente systématiquement le problème comme une affaire de bonne gestion. Mais la déclaration de cessation de paiement montre les limites de ce qu'il offre en matière de garantie des emplois. Au-delà du PDG de Tilly-Sabco, pour l'ensemble des responsables politiques et syndicaux, la question est celle des aides appropriées à la filière avicole bretonne. Les réunions de concertation n'ont pas manqué où les patrons qui le peuvent empochent éventuellement une obole au passage, sans que jamais les emplois s'en trouvent garantis.

La recomposition de la filière avicole est, depuis des années, le motif de luttes féroces, à l'échelle mondiale, entre requins des affaires. L'entreprise Tilly-Sabco n'y pèse plus guère, quelle que soit la fortune qu'a pu construire grâce à elle la famille Tilly. Doux, pourtant plus riche que Tilly, a été lui aussi conduit à céder le contrôle de son capital à des affairistes plus puissants.

En haut lieu, des patrons aux politiciens de tout bord, tous considèrent que c'est aux travailleurs de payer le prix de cette concurrence féroce. Les travailleurs de Tilly doivent se faire entendre, en défendant leurs propres intérêts.

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