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Leur société
Agriculture : Deux poids, deux mesures
Le budget de la politique agricole commune (PAC), 55 milliards d'euros, représente près de la moitié du budget de l'Union européenne. Parmi les 28 membres de l'Union, la France reçoit à elle seule un cinquième de ces subventions aux agriculteurs. Les agriculteurs français, pris globalement, reçoivent davantage de l'Europe que ce que la France verse dans la cagnotte commune. Si des agriculteurs se sentent à juste titre lésés dans la distribution des aides, ce n'est donc pas à cause de « l'Europe », mais à cause de la répartition des aides entre petits et gros agriculteurs, sans oublier les sociétés de l'agroalimentaire.
Ainsi, en 2011, la société sucrière Tereos était la plus grosse bénéficiaire des subventions agricoles attribuées par la PAC à la France, suivie par l'entreprise sucrière Saint Louis Sucre et le volailler Doux, spécialisé dans l'exportation de poulets congelés... et les licenciements. Le prince de Monaco de même que la reine d'Angleterre émargent également, car la majeure partie des aides est distribuée en fonction des superficies considérées comme agricoles. Plus la surface est grande, plus son propriétaire touche le pactole. Les propriétaires des 160 plus grosses exploitations accaparent autant d'aides que ce que touchent les 100 000 plus petites, 123 millions d'euros en 2012.
Il est vrai que la dernière réforme de la PAC laisse les États membres de l'Union européenne libres de prévoir un plafonnement des versements, mais seulement à partir de... 300 000 euros d'aides directes annuelles ! Et encore, les exploitations concernées pourront déduire des aides reçues les salaires et les cotisations sociales, au nom de la préservation de l'emploi, air connu.
Il est vrai qu'un surcroît de subventions est prévu pour les exploitations de taille inférieure à la moyenne, 52 hectares pour la France. Mais cette surprime est distribuée à dose homéopathique. En octobre 2013, Hollande a même décidé de la réduire par rapport à ce qui était proposé par l'Union européenne. En revanche, a-t-il précisé, « les exploitations céréalières de moins de 200 hectares conserveront un niveau d'aide d'au moins 200 euros à l'hectare qui leur permettra de préserver, quoi qu'il arrive, leur rentabilité ». Quant aux céréaliers les plus gros, il n'est pas même besoin de préciser que pour eux, tout baigne.