Afrique : « Nouvelle Alliance », vieux pillage24/09/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/09/une2408.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afrique : « Nouvelle Alliance », vieux pillage

En 2008 les spéculations des groupes de négoce et des financiers sur les produits agricoles avaient conduit la population de nombre de pays pauvres au bord de la famine. Une « Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition » (Nasan) s'est alors formée, sous l'égide des huit pays les plus riches du monde.

Il s'agissait, disaient-ils, de permettre aux cinquante millions d'Africains sous alimentés vivant dans les pays au sud du Sahel d'accéder à la nourriture. Dans ce but, la Nasan entendait faire collaborer États développés, organismes internationaux, paysans locaux, États africains et entrepreneurs privés intéressés par le développement de l'agriculture dans cette zone. La référence biblique, donnée en supplément, s'est révélée aussi mensongère qu'à l'accoutumée.

Six ans après et alors que les dirigeants de la Nasan sont réunis à New York à l'occasion de l'assemblée générale de l'ONU, des ONG ont publié un rapport sur cette nouvelle alliance, clairement titré « La faim, un business comme un autre ».

Il y a bien eu près de dix milliards d'euros investis sous l'égide de la Nasan, moitié par les États des grands pays capitalistes, principalement les États-Unis et la France, moitié par des multinationales. Mais ces investissements ont été réalisés dans les exploitations et pour les productions des multinationales. Loin d'aider à produire de quoi nourrir les populations, on a développé les cultures de cacao, café, coton, huile de palme, etc. destinées au marché mondial. Loin d'aider les paysans à travailler, on les a expulsés et transformés en prolétaires salariés de vastes fermes-usines, dont certaines ont tout du camp de travail. Loin d'aider au développement des services publics, on a contraint les États à se ruiner en offrant des zones franches aux groupes capitalistes. Loin de développer l'économie de ces pays, on l'a un peu plus soumise au marché mondial et à la poignée de groupes américains et européens qui le dominent.

Parmi ces groupes on trouve des fabricants d'engrais et de semences comme Monsanto et Cargill, des spécialistes du négoce de produits agricoles comme Louis Dreyfuss et Bunge, des rois du chocolat comme Cémoi et Mars. Il est à peine nécessaire de rappeler que ce sont ceux-là, entre autres, qui avaient été à l'origine de la crise alimentaire de 2008 par leurs spéculations.

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