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Cambodge : Grèves dans le textile
Les grévistes ont repris à leur compte la revendication des 160 dollars par mois qu'avait popularisée la grève précédente des ouvriers du textile. Elle s'était terminée par une répression sanglante à Phnom Penh début janvier. Le Premier ministre Hun Sen, au pouvoir depuis bientôt trente ans, avait envoyé la police ouvrir le feu sur la foule des manifestants, provoquant la mort d'au moins cinq ouvriers et en blessant des dizaines.
La grève a connu un nouvel essor lundi 28 avril. Pour tenter d'endiguer le mouvement, les patrons du textile avaient fait courir le bruit qu'une prime de 50 dollars serait distribuée à ceux qui ne prendraient pas part à la grève. Mais les travailleurs qui s'étaient laissé abuser dans un premier temps ont vite déchanté. Le syndicat des patrons du textile jure désormais qu'il n'en a jamais été question. La déception s'est transformée en colère, et c'est désormais plus de 20 000 travailleurs qui sont en grève dans une trentaine d'usines près de la frontière vietnamienne.
Depuis des mois, le patronat du textile s'inquiète de la montée de la combativité ouvrière et de la multiplication des syndicats, qu'un politologue local a qualifiées de « cancer qui s'est métastasé ». Les patrons cambodgiens, sous-traitants pour des grandes marques occidentales, en appellent désormais au gouvernement pour qu'il intervienne, accusant les grévistes d'avoir lancé des pierres sur les usines et d'empêcher la « liberté du travail ». Ce qu'ils craignent en réalité est une extension du mouvement gréviste aux zones industrielles de la banlieue de la capitale.
La grève intervient alors que le gouvernement semble hésiter sur l'attitude à adopter face à la montée des contestations. Vendredi 25 avril, s'est ouvert le procès de 23 grévistes détenus depuis janvier, et qui sont menacés de cinq ans de prison pour « violences volontaires ». Mais il a été finalement ajourné jusqu'au 6 mai.
Entre-temps doit avoir lieu à Phnom Penh la manifestation du 1er mai, le premier rassemblement autorisé dans la capitale depuis leur interdiction par le pouvoir en place aux lendemains de la répression de janvier. Il sera l'occasion pour les travailleurs de se compter, de s'encourager, de prendre encore un peu plus conscience de la force qu'ils représentent.