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- Lutte ouvrière n°2387
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Dans les entreprises
Sanofi -- Vitry : Préjudice d'anxiété pour exposition à l'amiante
Tribunal des prud'hommes, le 25 avril : dix travailleurs du centre de production de Sanofi chimie à Vitry-sur-Seine, essentiellement des retraités, demandent que soit reconnu le préjudice d'anxiété pour exposition à l'amiante. Ils sont représentatifs des secteurs de l'usine où les salariés ont été le plus exposés à l'amiante pendant des dizaines d'années : la chaufferie de l'usine, mais aussi les labos, les fabrications et les corps d'état (mécanique, chaudronnerie).
Pour que ce préjudice soit reconnu, il faut avoir été exposé à l'amiante, mais également démontrer la responsabilité de l'employeur. L'avocate de la direction n'a même pas cherché à nier cette exposition tant elle est évidente. Tout juste a-t-elle affirmé que « de toute façon à cette époque tout le monde utilisait l'amiante, il y en avait partout ». Par contre, elle dément toute responsabilité de la direction, avec les arguments mille fois entendus : « À l'époque, on ne savait pas. »
Et surtout elle s'appuie sur le fait que, quelques semaines auparavant, la Cour d'appel administrative de Paris rejetait la requête du CHSCT de l'usine qui demandait son inscription sur la liste des établissements « amiante ». Cela aurait ouvert la possibilité pour près d'une centaine de salariés de partir en préretraite. Il fallait pour cela prouver que les opérations de calorifugeage étaient une partie significative de l'activité. Le tribunal avait jugé que la fréquence était trop faible et avait suivi l'argumentation de la direction.
Le fait d'avoir été exposé quotidiennement à l'amiante, le nombre de pathologies déclaré (plus de 80 cas, entraînant la mort d'au moins vingt salariés), tout cela n'entre pas dans les critères « administratifs ».
La longue plaidoirie de l'avocate de Sanofi s'est terminée par une déclaration effarante : « Je peux vous dire, messieurs, qu'en tant que l'une des avocates d'Eternit j'estime que ces salariés ont eu bien de la chance de travailler chez Sanofi, et pas à Eternit. » Et d'ajouter en substance « Au Canada, il y a encore des mines d'amiante, alors si l'amiante était si dangereuse, il y aurait bien plus de maladies » Des déclarations lamentables et révoltantes, certes, mais qui ne font qu'exprimer ce que pensent les patrons.
Quant à la responsabilité de la direction dans ce drame sanitaire, elle a été réaffirmée par l'avocate des salariés, qui a rappelé qu'à sept reprises les tribunaux des affaires de la Sécurité sociale ont prononcé la faute inexcusable de Sanofi Vitry à l'occasion de procès intentés par des victimes ou leurs ayants-droits.
Le verdict sera connu le 11 juillet 2014.