Airbus -- Toulouse : Encore un accident grave30/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/05/une2387.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Airbus -- Toulouse : Encore un accident grave

Jeudi 24 avril, un peu après 10 heures, à la salle de peinture C35 sur le site Clément-Ader, un accident grave s'est produit. Quatre peintres devaient apprêter un Airbus A330. La plate-forme sur laquelle ils étaient a brutalement basculé. Si l'un des peintres a pu se retenir aux câbles, les autres ont basculé dans le vide. Une chute d'une dizaine de mètres sur le sol en béton. Les trois ouvriers grièvement blessés ainsi que celui resté suspendu ont été emmenés à l'hôpital. Très rapidement, des policiers, l'inspection du travail sont intervenus et la salle de peinture a été fermée. Une cellule psychologique a été mise en place pour les peintres. Les autres intervenants ont été déplacés dans d'autres ateliers.

La direction a dit vouloir faire procéder à la vérification de toutes les salles de peinture avec plates-formes. Il a été interdit d'y travailler. Et d'ailleurs le sentiment partagé par les peintres est : « Tant que l'on ne saura pas ce qui s'est passé, on ne montera pas sur les plates-formes. »

Un CHSCT extraordinaire a été réuni. Depuis, aucun syndicat n'a fait quoi que ce soit, ne serait-ce qu'une information à l'ensemble des salariés. Pourtant, on peut se poser des questions. Pourquoi les peintres n'avaient-ils pas de harnais les retenant ? Pourquoi ne portaient-ils pas de casque ? Parce que, lors de l'évaluation des risques, le fabricant et Airbus ont négligé le risque de chute ? Pourquoi, puisqu'il semble qu'il y ait déjà eu des dysfonctionnements signalés, rien n'a-t-il été fait ? Par manque de temps ? Par souci d'économies ?

Pourquoi, quand il est question d'investissement, faut-il toujours en soumettre le bien-fondé aux « financiers », et surtout préciser le rapport entre ce que cela coûte et ce que cela rapporte ?

Cette politique conduit à des choix qui font que les installations de travail, les machines, etc. , ne sont sûrement pas les meilleures possibles. Mais bien des travailleurs, à juste titre méfiants à l'égard de la direction, pensent que ce sera comme chaque fois : on leur cachera la vérité.

Aujourd'hui, la direction tente de minimiser sa responsabilité en déclarant que les accidents graves à l'usine étaient rares. C'est faire fi des accidents mortels qui ont eu lieu ces dernières années. En 2002, un délégué hygiène et sécurité de la CGT est décédé au cours d'un essai de pressurisation sur avion. En 2005, un chef d'équipe est mort au cours d'un essai hydraulique sur la chaîne A300. En 2010, un ouvrier du bâtiment de 23 ans s'est tué sur un chantier de l'Airbus A350 suite à la rupture d'un câble soutenant la nacelle sur laquelle il était. Et c'est sans compter les autres accidents comme, sur le site Saint-Éloi, où une machine ASEA a explosé et où on peut dire que c'est un miracle s'il n'y a pas eu de mort.

Quant aux formations de secours suivies par les employés, dont se félicite la direction, elles ne l'exonèrent pas de ses responsabilités. C'est à elle qu'il revient de mettre tout en oeuvre pour assurer la sécurité au travail de tous.

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