- Accueil
- Lutte ouvrière n°2387
- Premier mai : Tout autre chose que la « fête du muguet »
Leur société
Premier mai : Tout autre chose que la « fête du muguet »
Le mouvement ouvrier américain avait fait du 1er mai 1886 une journée de lutte pour la limitation de la journée de travail à 8 heures. Les grèves, ce jour-là, furent durement réprimées et à Chicago, des militants furent pendus. L'initiative fut reprise en 1889 et, dès le Premier mai de l'année suivante, à l'initiative de l'Internationale nouvellement créée -- la deuxième Internationale -- des centaines de milliers de travailleurs se rassemblèrent à travers le monde. Le 1er mai 1891, l'armée tira sur la foule à Fourmies, dans le Nord de la France, mais ne parvint pas à museler le mouvement ouvrier. Un nouveau congrès international décida d'élargir le mouvement pour que s'enracine la conscience d'appartenir à une même classe sociale, la classe ouvrière, et la nécessité d'une lutte commune pour son émancipation.
Mis à mal par la trahison des dirigeants socialistes qui se rallièrent, lors de la Première Guerre mondiale en 1914, à leur bourgeoisie, le Premier mai ressurgit en Allemagne en 1916 quand le révolutionnaire Karl Liebknecht s'adressa aux travailleurs de Berlin dans une manifestation publique : « (...) Travailleurs, camarades, et vous femmes du peuple, ne laissez pas passer cette fête de mai, la seconde de la guerre, sans l'employer à une manifestation du socialisme international, à une protestation contre le massacre impérialiste. En ce 1er mai, nous tendrons par-dessus les frontières et les champs de bataille une main fraternelle au peuple de France, de Belgique, de Russie, d'Angleterre, de Serbie, de tout l'univers (... ) ».
Hitler, dès son arrivée au pouvoir en janvier 1933, brisa le mouvement ouvrier. La journée de lutte du Premier mai fut remplacée, dès cette année-là, par un jour de congé, payé intégralement, la « fête du travail national ». Des dirigeants syndicaux en furent complices en appelant à participer à un grand rassemblement avec les nazis, ce qui n'empêcha pas Hitler, dès le lendemain, d'interdire les syndicats, de faire arrêter et de torturer les militants et de mettre à sac leurs locaux... Cette pratique fut aussi celle d'autres dictatures comme celle de Franco en Espagne, ou Salazar au Portugal.
Le 1er mai, façon régime nazi, inspirera Pétain. Après avoir dissous les syndicats, il décréta, en 1941, le 1er mai « fête du travail et de la concorde sociale », avec comme symbole le muguet.
La « fête du travail » fut reconduite après la guerre, et se perpétue encore aujourd'hui. Mais la tradition de cette journée de lutte n'a pas disparu. Et se traduit dans presque tous les pays par des manifestations, des grèves. Le Premier mai des travailleurs vit toujours.