Intermittents du spectacle : Le Medef remet en cause l'indemnisation chômage20/02/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/02/une2377.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Intermittents du spectacle : Le Medef remet en cause l'indemnisation chômage

Le Medef est en campagne pour remettre en cause le régime d'indemnisation chômage des intermittents du spectacle. Ce régime compense l'extrême précarité des travailleurs du spectacle, qui subissent de fréquentes périodes de chômage et dont une bonne partie de l'activité n'est jamais payée, avec le travail de création, de préparation, les répétitions...

En 2003, les conditions d'indemnisation avaient déjà été revues à la baisse, déclenchant un mouvement de protestation des intermittents. Auparavant, il fallait avoir déclaré 507 heures de travail sur les douze derniers mois pour entrer dans le cadre de ce régime spécifique, un peu plus favorable que celui de la plupart des salariés. Mais depuis 2003, il faut avoir effectué ces heures sur dix mois pour les techniciens et dix mois et demi pour les artistes.

De plus, les cotisations sociales des artistes et techniciens sont élevées mais nombre d'entre eux n'arrivent pas, ou plus, à franchir le seuil fatidique des 507 heures leur donnant droit à l'indemnité chômage. Quand aux intermittentes, les conditions d'admission au congé maternité sont si drastiques que la plupart n'en bénéficient jamais.

Dernièrement, on a beaucoup entendu parler des « abus » de ce régime : ainsi la fameuse « serveuse au bar du théâtre » ou « le poseur de moquette à TF1 » bénéficieraient frauduleusement du statut d'intermittent. En effet, de nombreux salariés n'ont pas le choix de leur contrat de travail, et les patrons du spectacle et de la télévision, comme ceux des autres secteurs, leur imposent la précarité.

Ainsi, il y a aujourd'hui plus de cent mille intermittents. On parle même de la « permittence », quand des salariés permanents, et qui devraient donc être embauchés en CDI, enchaînent les CDD depuis des années. Mais ce sont les patrons qui en sont responsables, pas les salariés.

Depuis des années, une partie du patronat mène la charge contre ce régime, qu'il juge trop coûteux : selon Gattaz, le président du Medef, c'est un milliard d'euros qui pourrait être économisé. L'Unedic, elle, chiffre le manque à gagner à 300 millions, ce qui fait quand même une petite différence. D'autant que, s'il coûte, ce système rapporte aussi beaucoup. Au fil du temps, ce régime est devenu une subvention déguisée aux chaînes de télévision et aux entreprises de production, qui sont connues pour leur recours abusif aux « permittents »... mais jamais menacées. Les précédentes refontes du système ne se sont jamais attaquées aux vrais profiteurs mais ont exclu des dizaines de milliers de personnes du régime d'indemnisation, les acculant au RSA ou aux petits boulots précaires en plus de leur activité artistique.

Sous la pression des intermittents, qui ont occupé son ministère le 13 février, Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture, a accusé le Medef de vouloir ainsi « tuer la culture ». Mais elle cherche surtout à convaincre le patronat qu'« économiquement on a besoin des intermittents. Quand vous investissez un euro dans un festival ou un établissement culturel, vous avez quatre à dix euros de retombées économiques. »

Les salariés intermittents ne peuvent s'en remettre à cette ministre. Ils ne sont d'ailleurs pas seuls à être dans le viseur du Medef : celui-ci est à l'offensive contre l'ensemble des travailleurs au chômage, pour revoir à la baisse les indemnités Unedic, bien qu'à peine plus de la moitié des cinq millions de chômeurs en bénéficient.

Tous sont visés de la même façon.

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