François Pérol mis en examen : Affaires publiques et affaires privées20/02/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/02/une2377.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

François Pérol mis en examen : Affaires publiques et affaires privées

François Pérol, patron du groupe Banques populaires Caisses d'épargne (BPCE), a été mis en examen le 6 février pour prise illégale d'intérêts. On lui reproche d'avoir pris la tête de ce groupe bancaire en février 2009, alors qu'il avait été au centre de sa création par la fusion des Banques populaires avec les Caisses d'épargne de l'Écureuil.

Or il est en principe interdit à un fonctionnaire de passer au service d'une entreprise qu'il a surveillée, contrôlée ou avec laquelle il a passé des contrats ou des marchés moins de trois ans auparavant.

Au moment de la création de BPCE, la crise des banques de 2008 était toute proche et l'État venait de leur ouvrir des centaines de milliards de crédits. Dans le cas de BPCE, l'État prit 20 % du capital, y investit sept milliards, et favorisa la fusion.

Pérol, conseiller économique de Sarkozy depuis 2007, suivait sans doute l'affaire depuis plus longtemps. Ayant fait partie des cabinets de Francis Mer puis de Sarkozy aux Finances, il était depuis 2005 associé-gérant à la banque Rothschild et avait conseillé les Banques populaires lors de la création de Natixis, filiale commune avec l'Écureuil, prélude de la fusion de 2009.

De retour au service public deux ans plus tard, Pérol suivait donc le même dossier, mais pour le compte de l'État. Il semble même n'avoir quitté Rothschild que pour aider, en tant que haut fonctionnaire, à la fusion de BPCE, puis en prendre la direction en revenant au privé. Il a d'ailleurs, durant toute sa carrière à l'intérieur des ministères, défendu les intérêts privés dans les grandes entreprises issues du secteur public ou liées à lui : Alcatel, Bull, France télécom, Sanofi, Aventis, EADS, Suez GDF, Thales, Areva...

Bien sûr, ce genre de confusion d'intérêts est en principe interdit et une commission de déontologie de la fonction publique est censée y veiller. Mais cette commission n'avait à l'époque pas le droit de se saisir elle-même d'une affaire et Pérol fut simplement entendu par les députés, qui ne trouvèrent rien à redire à sa nomination.

Deux plaintes de syndicats furent classées sans suite en septembre 2009. C'est seulement en juin 2012, après l'élection de Hollande à la présidence, que la Cour de cassation, sur requête des syndicats CGT et Sud de BPCE, ordonna l'ouverture d'une information judiciaire, qui aboutit à l'actuelle mise en examen.

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