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Assurance-chômage : Le patronat veut payer moins pour les dégâts qu'il provoque
Mercredi 12 février, à la veille de la troisième journée de négociation entre syndicats et patronat sur l'assurance-chômage, le Medef a envoyé aux syndicats ses propositions de réforme volontairement rédigées sous une forme provocatrice. Outre la remise en cause du statut des intermittents du spectacle qui a fait la une des médias, on y trouve un projet d'attaques en règle contre les chômeurs en général.
Le Medef postule que le régime actuel d'assurance-chômage est « aveugle à la conjoncture économique et à la réalité du marché du travail ». Il réclame donc que les droits à indemnisation et la durée de cette indemnisation varient en fonction du niveau de chômage.
Actuellement, un jour cotisé donne droit à un jour indemnisé. Le patronat propose de passer à 1,2 jour indemnisé pour un jour cotisé en cas de taux de chômage égal ou supérieur à 12 %, mais de passer progressivement à 0,8 jour indemnisé pour un jour cotisé en cas de chômage inférieur à 9 %. Pour les durées d'affiliation et d'indemnisation, en cas de chômage dépassant 10 % la règle actuelle resterait valable. Mais pour un chômage de moins de 10 %, il faudrait avoir travaillé six mois, au lieu de quatre, pour être indemnisé. La durée d'indemnisation maximale passerait à 18 mois au lieu de 24 et à 30 mois pour les seniors au lieu de 36.
Un certain nombre de travailleurs cumulent un revenu d'activité réduite et des indemnités de chômage. Le Medef veut plafonner l'ensemble à 80 % de l'ancienne rémunération pour mieux « inciter à la reprise d'emploi ».
Le patronat voudrait également que les centaines de milliers de contractuels travaillant dans des services publics cotisent à l'Unedic automatiquement, alors que les employeurs publics choisissent pour le moment entre l'Unedic et un système d'auto-assurance, en fonction de ce qui est pour eux le plus économique.
Faire payer l'État et les collectivités, rogner sur les droits et les revenus des chômeurs, en particulier des intérimaires, prendre dans les caisses du premier et dans les poches des autres : tel est le plan du Medef, dont les membres sont les principaux licencieurs du pays et donc les responsables du trou dans les caisses de l'Unedic. Il faut faire la part de la surenchère agressive du patronat, qui place la barre haut pour en rabattre sans doute dans les prochains rounds de négociation. Mais, vu la politique du gouvernement, il ne peut que se sentir le vent en poupe.
En face, les syndicats ont bien sûr protesté, mais la CFDT a appelé à débattre au calme et FO à renvoyer les sujets de l'activité réduite et de l'intérim à plus tard. Le négociateur de la CGT, Éric Aubin, a déchiré le projet de réforme devant les caméras de façon démonstrative, en appelant les travailleurs et les chômeurs « à se préparer à un rapport de force ». Mais pour le moment, si le 27 février, prochaine séance de négociation sur l'assurance-chômage, les intermittents appellent à se retrouver dans la rue, les dirigeants syndicaux, eux, se retrouveront surtout autour du tapis vert.