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Leur société
Contrôles sanitaires sur l'alimentation : Une passoire à fraudeurs
Il y a un an éclatait le scandale de l'entreprise Spanghero de Castelnaudary, qui avait acheté 42 tonnes de viande de cheval, via un trader néerlandais, à des abattoirs roumains, pour les inclure dans des plats surgelés en prétendant que c'était du boeuf.
Aujourd'hui, c'est la grosse coopérative bretonne Cooperl, n°1 du porc en France, employant 4 800 salariés, qui est l'objet d'une enquête.
Cela concerne 1 500 tonnes de viande de porc contaminée avec des bactéries salmonelles, mais vendues en Russie au prix de la viande saine entre 2010 et 2012. Des cadres de Cooperl auraient maquillé le résultat d'autocontrôles transmis aux autorités sanitaires. Cette escroquerie aurait rapporté un million d'euros et, à ce jour, on ne connaît pas de victimes recensées, bien qu'au-delà d'une certaine concentration la présence de salmonelles puisse causer des intoxications alimentaires.
L'idée que les industriels de l'agro-alimentaire pratiquent eux-mêmes les contrôles sanitaires sur leur production à la place des services de l'État est évidemment de nature à tenter d'éventuels fraudeurs. D'autant plus que l'État a réduit au fil des ans ses propres moyens de contrôle. En dix ans, le nombre de contrôleurs de l'alimentation dépendant du ministère de l'Agriculture a baissé de 19 % et celui de la Direction de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) du ministère de l'Économie a chuté de 15 %.
Pourtant, lorsqu'ils sont faits, les contrôles révèlent assez fréquemment des anomalies, même si fort heureusement elles ne font pas toujours de victimes. Ainsi, en 2010-2011, 13 % de la viande fraîche de volaille était non conforme à la réglementation, de même que 17 % de la viande fraîche de boucherie, 21 % du lait et produits laitiers, et 25 % des produits à base de viande. Au regard de ces chiffres, on comprend que baser la politique sanitaire sur l'autocontrôle des entreprises est potentiellement criminel.
En fait, l'État revoit les normes de contrôle sanitaire et les adapte à la baisse du nombre de contrôleurs. L'an dernier le nombre d'agents en charge des contrôles des établissements de restauration collective (cantines scolaires, hôpitaux, maisons de retraite, etc.) a été fixé à 43 pour 110 271 établissements, soit plus de 2 500 par contrôleur. Quant aux établissements servant de la nourriture (restaurants, commerces, supermarchés, etc.), ce nombre a été fixé à 60 pour 371 631 établissements, soit plus de 6 000 par contrôleur !
Entre les profits que font certains industriels en trichant sur les normes et les économies que font les gouvernements en supprimant des postes de contrôleurs, la sécurité sanitaire de l'alimentation n'est pas vraiment une priorité, à part dans les discours. Il est vrai qu'en faire ne mange pas de pain...