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- Lutte ouvrière n°2377
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Dans les entreprises
L'État offre 800 millions à la famille Peugeot
Mardi 18 février, les principaux actionnaires de PSA ont validé définitivement l'accord signé avec le constructeur automobile chinois Dongfeng et l'État français, qui apportent chacun 800 millions d'euros au capital de l'entreprise. Ceux-ci se retrouveront actionnaires à 14 %, à égalité avec la famille Peugeot qui se contente de mettre 200 millions d'euros et réussit donc à augmenter le capital de PSA sans débourser grand-chose.
Cette augmentation de capital n'a rien à voir avec les présumées difficultés financières du groupe. Il s'agit pour cette multinationale d'améliorer sa position dans la guerre économique permanente. Mais, dans cette période de crise et de financiarisation de l'économie, elle refuse d'utiliser ses propres capitaux, qu'elle préfère garder pour des opérations spéculatives plus immédiatement rentables. La famille Peugeot a donc exigé de l'État qu'il investisse dans son entreprise, et ses désirs sont devenus instantanément des ordres.
Pour justifier de tels cadeaux, Montebourg enfile sa marinière. « Nous avons pris une décision de patriotisme économique », a-t-il affirmé. Il présente le constructeur chinois comme un prédateur contre lequel il faudrait protéger la pauvre petite entreprise française. Mais l'alliance avec Dongfeng n'est pas nouvelle. Depuis 1992, PSA possède des usines en commun avec ce constructeur, quatre aujourd'hui, pour produire des voitures destinées au marché chinois. La Chine est devenue le second marché de PSA, qui voudrait encore y augmenter ses ventes.
Quand Montebourg parle des engagements pris par PSA, il relaie juste les mensonges des Peugeot. Il présente la promesse de produire un million de véhicules par an en France comme un progrès, alors que PSA produisait 1,23 million de véhicules en 2011. PSA s'engagerait à maintenir toutes les usines ? C'est oublier un peu vite que celle d'Aulnay est en cours de fermeture et qu'il n'y a aucun engagement sur les emplois. D'ailleurs 684 postes vont être supprimés à l'usine de Poissy en mars, suite à la fin d'une équipe de travail. Toujours à Poissy, la fermeture d'une ligne de montage complète est prévue en décembre 2014. Ce passage en une seule ligne de montage, dit monoflux, avait préparé la fermeture de l'usine d'Aulnay.
Depuis longtemps, l'État est actionnaire à 15 % de Renault, et cela n'a jamais empêché le moindre licenciement, les milliers de suppressions d'emplois effectuées ces dernières années, ni même la fermeture d'usines comme celle de Vilvorde en Belgique en 1999. PSA est en train de supprimer 11 200 emplois sans rencontrer aucune opposition de la part du gouvernement. L'arrivée de l'État parmi les actionnaires de PSA n'apportera aucune garantie aux travailleurs. Ils n'auront que celles qu'ils sauront imposer.