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Leur société
Les prétendus privilèges des cheminots
Dans son rapport annuel, la Cour des comptes s'en prend de nouveau aux « facilités de circulation » des cheminots, c'est-à-dire aux billets à tarif préférentiel qui leur sont accordés ainsi qu'à leurs proches, conjoints, enfants et ascendants.
À lire ce rapport, les facilités de circulation constitueraient un véritable scandale, s'appliquant à plus d'un million de personnes dont la plupart ne seraient pas des cheminots, et coûtant à la SNCF « d'une cinquantaine à plus de 100 millions d'euros par an ». Un chiffre aussi fantaisiste que peu précis ! Dans les faits, la SNCF elle-même évalue le coût de ce dispositif à près de 10 millions d'euros, auxquels peuvent être ajoutés les 15 millions de cotisations sociales qu'elle paie sur cet avantage en nature accordé à ses salariés. Cela fait un total de 25 millions d'euros par an, quasiment compensé par les quelque 20 millions d'euros versés par les cheminots et leurs proches en participation aux frais de réservation et en part non couverte par la réduction.
« Le grand nombre, parmi les bénéficiaires, de personnes dont les liens avec le chemin de fer sont pour le moins ténus, pose un problème au regard de l'égalité d'accès au service public ferroviaire », estime la Cour des comptes. Pour parvenir à plus d'égalité, elle ne suggère pas de réduire le prix des billets SNCF, pourtant devenus inaccessibles à bien des familles populaires. Non, elle propose entre autres de supprimer les facilités de circulation pour les ascendants, d'augmenter le nombre de lignes et de plages horaires interdites à cet usage, de compter ces facilités de circulation dans le calcul de l'impôt sur le revenu.
Après la présentation de ce rapport, le président de la SNCF Guillaume Pepy s'est empressé de se dire favorable à ces remises en cause et d'annoncer une négociation avec les syndicats en avril sur ce sujet.
Les facilités de circulation accordées par la SNCF à son personnel depuis sa création, en 1938, ont été maintenues et élargies en guise de compensation au blocage des salaires. Elles sont pourtant loin de compenser la perte de pouvoir d'achat qui découle de ce blocage. La Cour des comptes le sait, mais elle préfère cibler les cheminots, alimenter l'idée qu'ils seraient des privilégiés et tenter de diviser les travailleurs.