Centrafrique : Des soldats en plus, mais pour quoi faire ?20/02/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/02/une2377.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Centrafrique : Des soldats en plus, mais pour quoi faire ?

Le gouvernement français va envoyer 400 soldats supplémentaires en Centrafrique. C'est très exactement le contraire de ce que François Hollande déclarait il y a deux mois, lorsqu'il affirmait que le chiffre de 1 600 hommes présents dans le pays ne serait pas dépassé. À l'époque il disait aussi que l'opération serait rapide. Aujourd'hui la présidente centrafricaine Catherine Samba-Panza réclame que l'intervention dure jusqu'en 2015 et Hollande est prêt à lui donner satisfaction, au-delà de cette échéance s'il le faut.

Les alliés africains de la France ont quant à eux commencé à renforcer les effectifs de la Misca (la force africaine de la paix). De son côté le Conseil de sécurité de l'ONU a donné son accord pour envoyer en Centrafrique une force européenne, et Paris fait son possible pour obtenir de l'aide de ce côté aussi. Il y aura donc plus de soldats en Centrafrique, et ils ne sont pas prêts de quitter le pays. Mais à quoi serviront-ils ?

Lorsque les soldats français de l'opération Sangaris sont arrivés à Bangui il y a maintenant deux mois, les miliciens de la Séléka avaient pris le pouvoir dans la capitale et terrorisaient les quartiers peuplés en majorité de chrétiens. L'intervention militaire française a certes obligé ces bandes armées à quitter la capitale, mais cela a été pour laisser le champ libre à une autre terreur, celle des milices « anti-balakas » contre la population musulmane. Ces groupes dont l'armature est constituée par les anciens soldats des forces armées centrafricaines que la Séléka avait mis en déroute entraînent derrière eux une partie de la population chrétienne dans des pogroms sanglants contre les musulmans.

Cette situation a abouti à une véritable épuration ethnique, la population musulmane abandonnant tout pour quitter le pays ou pour se réfugier dans les régions du Nord où elle est en majorité. Parfois il ne lui est même pas possible de s'enfuir, assiégée par les milices anti-balakas. À partir de Bangui ces pogroms se sont étendus à tout le pays, dans les villes comme dans le moindre village. Et l'on parle même aujourd'hui d'une possible sécession du Nord du pays, où se sont regroupées une partie des bandes de la Séléka, ce qui laisse augurer d'autres conflits meurtriers.

Le bilan des 1 600 soldats français et des 5 400 soldats africains présents sur place est celui-là et nul ne peut croire que quelques milliers d'hommes en plus, d'où qu'ils viennent, pourra l'améliorer, même s'ils restent plusieurs années. Mais ce n'est pas ce qui compte pour l'impérialisme français et son chef actuel François Hollande. Que leur importe si la Centrafrique est vidée de toute une partie de sa population et en proie à des conflits attisés par la soif de vengeance, du moment que les trusts français peuvent poursuivre leur pillage de ce pays et du reste de l'Afrique.

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