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Leur société
Archives disparues : Guéant, un homme prudent
La justice s'interroge sur les responsabilités de Claude Guéant qui, à l'époque de la nomination de François Pérol à la tête du groupe BPCE, était secrétaire général adjoint de l'Élysée, un des plus proches collaborateurs de Sarkozy à la présidence. Quand le juge chargé d'instruire l'affaire Pérol a voulu consulter les notes de travail de Guéant, on lui a répondu qu'elles ne se trouvent ni aux Archives nationales ni à l'Élysée : elles ont disparu.
On n'apprendra donc rien de certain sur le rôle que Guéant et Sarkozy ont joué dans la fusion des Caisses d'épargne et des Banques populaires et dans la nomination de Pérol à la tête du nouveau groupe. Pourtant la règle est que les notes de travail des hauts fonctionnaires de l'Élysée soient versées aux archives, car elles permettent de reconstituer au jour le jour l'activité des services de la présidence. Guéant affirme que, ayant quitté ce poste en février 2011 pour devenir pour la deuxième fois ministre de l'Intérieur, il ignore ce que ses notes sont devenues à la fin du quinquennat, en mai 2012.
Mais si verser aux archives tous les documents importants est une règle administrative, il est une autre règle, non écrite peut-être mais encore mieux observée, qui consiste à détruire tout document compromettant lorsqu'on quitte un poste de pouvoir. Les broyeuses fonctionnent à plein régime à chaque changement de président, de ministre ou de maire de grande ville. Et ce n'est pas tant pour que le nouvel arrivant ignore tout des manigances de son prédécesseur : en général il est déjà au courant et, dans le cas contraire, le personnel administratif, qui lui ne change pas, se charge de l'informer. C'est avant tout pour qu'il n'y ait pas de traces, pas de preuves, et que le bon peuple ne puisse rien apprendre de certain.
Est-ce Guéant qui a détruit ses notes de travail ? Est-ce son successeur qui l'a fait quand Sarkozy a quitté l'Élysée, ou quelque autre ami de la discrétion ? En tout cas l'affaire Pérol est loin d'être la seule dans laquelle Guéant pourrait être impliqué. Pour s'en tenir aux plus connues, il y a encore l'affaire du financement par Kadhafi de la campagne de Sarkozy en 2007 et l'affaire Tapie-Crédit lyonnais.
En tout cas, voilà un épisode du fonctionnement de l'État qui restera caché, aux yeux de la justice et du public, pour protéger banquiers et politiciens. Le secret des affaires avant tout !