Édouard Martin, tête de liste du PS aux élections européennes : Faire de la politique, oui mais quelle politique ?24/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2369.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Édouard Martin, tête de liste du PS aux élections européennes : Faire de la politique, oui mais quelle politique ?

Trahison ou défense plus efficace de ses idées ? La candidature d'Édouard Martin, le porte-parole de la CFDT d'ArcelorMittal Florange, sur la liste du Parti socialiste aux élections européennes de 2014, a fait polémique, de nombreux travailleurs estimant qu'en acceptant la proposition du PS il abandonnait ses camarades de combat.

Qu'Édouard Martin affiche et défende des positions politiques est tout à fait normal. Tous les militants ouvriers le font et les positions qu'ils prennent, les choix qu'ils proposent dans leur militantisme syndical ne sont jamais indépendants des idées politiques qui sont les leurs et dont la principale est de savoir quelle place les travailleurs doivent avoir dans la société et quels moyens mettre en oeuvre pour changer la situation faite aujourd'hui aux classes laborieuses. En d'autres termes : libérer le monde du travail de l'emprise du capital ou simplement réformer par touches successives la société de classe ?

À cette question, Édouard Martin a toujours répondu en choisissant le second terme de l'alternative, ce qui s'est ressenti y compris dans les choix syndicaux qui furent les siens. Même sa proximité avec le Parti socialiste n'est pas chose nouvelle, puisqu'il a un temps été envisagé qu'il soit suppléant d'Aurélie Filipetti aux dernières élections législatives en Moselle. Édouard Martin ne s'est jamais non plus démarqué publiquement de la politique de collaboration de classe avec le patronat et le gouvernement menée par la direction de son syndicat, la CFDT, y compris quand celle-ci a accepté de signer l'accord dit de l'ANI sur la flexisécurité.

À Florange, les objectifs proposés par la CFDT et son principal représentant local avaient aussi des limites, marquées par une certaine forme de collaboration de classe dissimulée sous des paroles radicales. Mettre en avant la défense de « l'acier lorrain » ou le projet Ulcos qui devait sauver les hauts fourneaux ne pouvait qu'aboutir à des impasses et surtout isoler les ouvriers de Florange. Car comment d'autres travailleurs, menacés ou pas par des plans de licenciement qui se succèdent, pouvaient-ils se reconnaître dans les revendications localistes mises en avant ?

À aucun moment Édouard Martin n'a envisagé que l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous les sites, avec maintien du salaire, devaient être exigées de Mittal. La revendication était difficile à atteindre certes, mais pas plus que l'illusoire défense de l'acier lorrain, et elle avait au moins le mérite de s'adresser à tous les travailleurs.

La mobilisation syndicale pour Florange, commencée sous Sarkozy, a eu parfois des accents qui se voulaient radicaux mais jamais, de par les revendications mises en avant, elle n'a heurté les intérêts fondamentaux de Mittal. Les travailleurs, y compris ceux de Florange, l'ont bien senti, qui sont pour beaucoup restés spectateurs d'un combat qui a servi de caisse de résonance à la campagne du Parti socialiste, qui l'a amplement relayée localement et nationalement... jusqu'à l'élection présidentielle de 2012. Ensuite, le PS au gouvernement et Hollande à la présidence ont contribué à faire accepter la décision de Mittal de fermer les hauts fourneaux.

Édouard Martin avait promis d'être le « cauchemar » de Hollande après avoir été celui de Sarkozy. Comme tous les rêves, les cauchemars ne durent pas. Aujourd'hui Édouard Martin apporte sa notoriété à un PS déconsidéré par sa politique antiouvrière.

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