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Dans les entreprises
Kem One : Une reprise à rebondissements
Après plusieurs rebondissements tout au long de la semaine, le tribunal de commerce de Lyon a finalement rendu son jugement sur la reprise de Kem One. Le 14 décembre, il avait reporté sa décision au 18 pour laisser le temps de formaliser les projets des deux candidats à la reprise, suite à la levée, la veille, des points de blocage concernant les créances de Kem One et la baisse du prix des fluides acceptée par Total et EDF.
Mais le 18, coup de théâtre : les deux repreneurs annonçaient qu'ils n'étaient plus concurrents, mais s'étaient mis d'accord pour proposer un projet en commun, ce qui a obligé le tribunal à reporter sa décision au 20. Et le 19, nouveau rebondissement : le parquet de Lyon déclarait qu'une telle entente n'était pas possible techniquement. Qu'à cela ne tienne, les deux repreneurs ont trouvé une solution : l'un des deux sera le repreneur, l'autre s'est retiré et le rejoindra après. C'est ce que le tribunal a entériné le 20 décembre.
Le repreneur officiel est donc Alain de Krassny, un industriel qui se vante d'avoir redressé l'usine chimique autrichienne Donau Chemie (une ancienne filiale de Rhône-Poulenc, dont il a été un cadre), qu'il possède toujours. Le deuxième repreneur, qui lui sera associé à 50 %, est le fonds d'investissement américain Open Gate Capital.
Alors qu'au départ Krassny proposait d'apporter cinq millions d'euros, tandis qu'Open Gate en proposait 20, dans le projet final, ils en apporteront cinq chacun. L'essentiel du financement proviendra de l'État, qui avancera 128 millions sous forme de prêts, aides et subventions.
Invité au journal de France 3 Rhône-Alpes, Arnaud Montebourg a affirmé que le gouvernement avait joué un rôle important dans cette reprise : par l'argent qu'il apporte, bien sûr, mais aussi dans les discussions avec les fournisseurs de fluides, et c'est lui qui aurait demandé aux repreneurs de s'entendre. Il faut dire que la fermeture de Kem One aurait touché directement 1 300 salariés en Rhône-Alpes et Paca et indirectement 10 à 20 000.
Il y aurait une cinquantaine d'emplois supprimés, contre 97 prévus au départ, une partie des salariés ayant anticipé et étant partis d'eux-mêmes. Les travailleurs licenciés devraient être repris par Arkema, leur ancien patron.
La partie de Kem One reprise ne concerne que la chlorochimie et production de PVC, c'est-à-dire la partie mise en redressement judiciaire en mars 2013, huit mois après qu'Arkema eut cédé pour 1 euro son pôle vinylique à Gary Klesch, un dépeceur d'entreprises qui a vidé les caisses. La partie transformation du PVC appartient toujours à Klesch, qui s'est engagé à le céder pour 1 euro au repreneur. Mais c'est une promesse. Et, comme d'autre part Open Gate négocie avec le groupe chimique Solvay pour lui racheter Benvic, spécialisé dans les composants vinyliques, certains y voient déjà la future séparation de la partie transformation du PVC, dans les mains d'Open Gate.
Il y a donc bien des incertitudes sur l'avenir, même si Montebourg affirme que c'est une « stratégie de long cours », une « relance de l'outil industriel ». Les travailleurs sont loin d'être rassurés. Ils sont soulagés d'en finir avec les reports et rebondissements successifs, et également soulagés que l'essentiel des emplois soient maintenus dans l'immédiat.