Retraites chapeaux : Au bonheur des grands patrons24/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2369.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites chapeaux : Au bonheur des grands patrons

Début décembre, la polémique autour de la retraite chapeau de 21 millions d'euros de Varin, PDG de PSA, l'avait finalement obligé à déclarer qu'il y renonçait. À cette occasion, la CGT avait révélé que PSA avait aussi provisionné 50 millions pour les retraites chapeaux de cinq autres cadres dirigeants, ce qui faisait un total de 71 millions d'euros. C'est maintenant au tour de Safran d'accorder des retraites chapeaux à 380 des plus hauts cadres dirigeants du groupe, qui coûteraient de 2,5 à 3 millions d'euros par an. Mais, avant PSA et Safran, bien des patrons ont usé et abusé de ce système.

Une retraite chapeau est un régime de retraite qui vient s'ajouter aux régimes de retraite obligatoires de base ou complémentaire (Agirc et Arrco), versée sous forme d'une rente mensuelle dont le montant est fixé à l'avance. Il a été mis en place dans les années 1980, sous prétexte de compenser l'absence de contrat de travail et donc de droit à la retraite pour les PDG. Ceux-ci en ont largement profité et se sont fait verser des sommes considérables, sous prétexte d'ailleurs qu'ils seraient moins payés que leurs homologues européens.

Ainsi Bouton, l'ancien président de la Société générale, a touché 30 millions d'euros en 2009. Accor a accordé 12 millions d'euros à son ex-président. Alcatel-Lucent a provisionné 4,8 millions d'euros pour son PDG. Lindsay Owen-Jones, l'ex-PDG de l'Oréal, s'est vu gratifié de 3,4 millions d'euros par an. D'autres ont dû renoncer à ces retraites chapeaux : c'est le cas de Jean-René Fourtou, ex-président de Vivendi, qui a renoncé à une retraite chapeau de 1,2 million, mais pas à celle de 1,6 million qu'il touchait en tant qu'ex-PDG d'Aventis. L'ex-PDG de Carrefour, lui, devait toucher 1,243 million, mais le tribunal de Paris l'a annulé à la suite d'une plainte des actionnaires. Au total, d'après une enquête de l'Expansion de 2012, 761 dirigeants d'entreprises françaises bénéficient de ce système.

Chaque fois qu'une polémique a éclaté, il s'est trouvé des bonnes âmes pour demander de moraliser le système. Le Medef a même établi un code de bonne conduite limitant le montant d'une retraite chapeau à 45 % de la rémunération. Les dirigeants politiques, de droite comme de gauche, ont fait mine aussi de s'offusquer. Sarkozy en 2009 avait interdit les retraites chapeaux aux dirigeants des entreprises publiques. Il avait fait de même pour celles ayant bénéficié de l'aide de l'État, y compris donc du secteur privé. Mais cette disposition, valable jusqu'en 2010, n'a jamais été prolongée. Quant à Hollande, il s'est contenté de ne rien promettre.

Aujourd'hui, le gouvernement aime trop les entreprises et leurs dirigeants pour ne serait-ce qu'égratigner leurs revenus. Et surtout les dirigeants politiques, de gauche comme de droite, ne parlent jamais de s'en prendre aux multimilliardaires, comme ceux de la famille Peugeot, enrichis par le travail de générations de travailleurs, et dont Varin n'est finalement qu'un salarié de luxe. Ils sont par contre bien plus prompts à s'en prendre aux salariés, qui n'ont que leur salaire pour vivre.

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