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- Lutte ouvrière n°2369
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Italie - Lampedusa : Les conditions inhumaines du centre de rétention
Le 16 décembre, le journal télévisé italien a diffusé une vidéo amateur montrant les immigrés du centre de rétention de Lampedusa, soumis à une opération de désinfection en plein air, dans des conditions indignes.
Les images, filmées sur son téléphone portable par l'un des immigrés retenus dans le centre, montrent des hommes contraints de se déshabiller dehors, pour ensuite passer sous un jet désinfectant contre la gale et les maladies de peau.
Un traitement choquant, qui se produit deux mois et demi après le naufrage au cours duquel près de 300 personnes avaient perdu la vie. Parmi les femmes, les hommes et les enfants soumis à cette pratique dégradante, figurent les seize rescapés du naufrage encore présents à Lampedusa.
Cette vidéo lève un coin de voile sur un traitement qui n'est pas l'apanage du seul centre de Lampedusa. Partout, les centres sont surpeuplés, les immigrés qui y sont retenus ne reçoivent pas toujours de draps et de couvertures, voire de lit, les conditions d'hygiène sont déplorables, etc. C'est d'ailleurs dans le centre de rétention de Rome que dix immigrés viennent d'entamer une action désespérée, allant jusqu'à se coudre les lèvres, pour protester contre le fait d'être « traités comme des chiens ».
Le choeur de critiques indignées que le reportage a soulevé parmi les dirigeants italiens et européens est tout aussi choquant. En Italie, le gouvernement réclame « une enquête approfondie », comme s'il découvrait une situation partout dénoncée depuis des années, notamment par les associations de défense des droits de l'homme. Quant aux dirigeants européens, tout comme lors du naufrage du 3 octobre dernier, ils n'ont pas de mots assez durs pour condamner le gouvernement italien et menacent même de suspendre les aides communautaires à l'Italie.
Ce sont pourtant les législations des pays riches d'Europe, toujours plus restrictives en matière d'immigration légale, qui entraînent le drame humain de l'immigration clandestine. Et c'est à l'échelle de l'Europe que les États préfèrent subventionner les programmes répressifs plutôt que des conditions d'accueil dignes.