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Niger : Le pillage d'Areva
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté le samedi 21 décembre à Niamey, au Niger, pour dénoncer le « partenariat déséquilibré » dont bénéficie le groupe nucléaire français Areva. Les manifestants, qui se sont dirigés vers le siège d'Areva sans pouvoir l'atteindre, protégé qu'il était par un cordon de policiers, scandaient : « Areva, respecte la loi au lieu de faire la loi » ou « Areva dégage ». Le coordinateur d'une ONG locale a dénoncé les plus de quarante années d'exploitation à sens unique de l'uranium nigérien par la France et Areva. « En France, 35 ampoules électriques sur 100 sont allumées grâce à notre uranium, pendant que le Niger s'éclaire au bois de chauffe », a-t-il déclaré.
L'accord entre Areva et le Niger arrivant à son terme le 31 décembre prochain, le gouvernement nigérien tente d'obtenir une augmentation des recettes tirées du combustible nucléaire. Une partie des manifestants dénoncent cependant la mollesse du président, qui fut un directeur de la Somaïr, une société d'exploitation de l'uranium filiale d'Areva. Areva bloque les discussions, refusant une remise en cause des accords passés, au nom de clauses signées en... 1968 et qui prévoyaient de maintenir les mêmes conditions d'exploitation durant 75 ans, soit jusqu'en 2043 !
L'uranium représente 70 % des exportations du Niger, mais il ne contribue que pour 5 % au budget du pays. Areva, détenu à 87 % par l'État français, tire depuis des dizaines d'années d'énormes bénéfices de cette exploitation. Son chiffre d'affaires l'an dernier s'élevait à 9,3 milliards d'euros, soit près du double du PIB du Niger. Autant dire qu'Areva tient à ces mines nigériennes et compte sur le soutien de l'État français. Soutien qui se traduit par la présence sur place des forces militaires françaises pour sécuriser les installations, et par l'intervention de l'armée française au Mali, largement motivée par la proximité du Niger et de ses mines.
Le prétendu partenariat avec le Niger n'est rien d'autre qu'un pillage organisé depuis des dizaines d'années par l'État français pour les intérêts d'Areva.