Interdiction d'insecticides : Une mesure tardive et limitée24/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2369.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Interdiction d'insecticides : Une mesure tardive et limitée

La Commission européenne interdit, à partir de décembre 2013, l'utilisation sur son territoire de quatre insecticides parmi les plus employés dans le monde, suspectés depuis plus de dix ans d'être l'une des causes principales de la diminution des populations d'abeilles.

Mais cette interdiction est provisoire, limitée à deux ans seulement, et ne s'applique pas à toutes les cultures : les agriculteurs pourront continuer à utiliser les produits concernés pour les céréales d'hiver, qui couvrent des millions d'hectares en France, les vergers après floraison, ainsi que pour traiter les sols. Cette mesure reste donc bien en dessous de la revendication des apiculteurs et de certains syndicats d'agriculteurs, qui réclament une interdiction totale et définitive.

Le lobbying pratiqué par les groupes industriels producteurs de ces insecticides n'est sans doute pas étranger à cette lenteur et à cette frilosité des instances européennes. Il s'agit de grands trusts de l'industrie chimique, BASF, Syngenta et Bayer, qui emploient des dizaines de milliers de personnes dans le monde et annoncent chaque année des bénéfices se chiffrant en milliards d'euros.

Parmi les plus puissants du monde capitaliste, ces grands groupes ne manquent pas de moyens pour faire pression sur les gouvernements et les instances européennes. Une association spécialisée dans la dénonciation du lobbying au sein de l'Union européenne, CEO (Corporate Europe Observatory), en donne un petit aperçu. Elle a révélé par exemple que Syngenta a pu consulter avant parution le communiqué de presse de l'AESA, l'Autorité européenne pour la sécurité des aliments, chargée d'étudier la dangerosité des insecticides pour les abeilles... et a tenté de le faire modifier.

Syngenta et les autres trusts n'ont finalement pas empêché que quatre de leurs insecticides soient pour le moment interdits sur le sol européen. Mais ils pourront continuer à les produire, y compris en Europe, pour les vendre dans les pays où ils ne sont pas interdits, en Afrique et en Amérique latine en particulier. Ils continueront ainsi à tirer profit de cette production, ce qui est leur unique objectif.

Partager