Au centre de distribution du courrier à Colombelles, en banlieue de Caen, suite à un diagnostic des temps de travail et sous prétexte que le volume de courrier diminue, la direction a annoncé son intention de redécouper les tournées. Elle veut supprimer trois postes, soit 10 % environ des emplois. Chaque facteur aurait alors une charge de travail bien plus lourde.

Les facteurs, remontés contre cette décision, ont décidé de marquer le coup. L'ensemble du personnel avait prévu de se mobiliser le lundi 9 décembre, mais il y avait déjà un préavis le samedi 7. Le patron ayant cru bon de faire un speech, tout le monde s'est décidé face à lui, et le mouvement a été suivi au-delà des prévisions. La grève, démarrée le samedi, a duré trois jours, avec trente grévistes, soit 100 % des titulaires.

L'assemblée des grévistes a décidé de tout durant ces trois jours. Les postiers en grève sont allés à la direction régionale (la DOTC) où ils ont pu dire ce qu'ils avaient sur le coeur, que ce soit la pression et le mépris de l'encadrement local ou la dégradation des conditions de travail. Ils se sont adressés avec un tract aux automobilistes de leur zone de distribution, et ceux-ci ont pour la plupart exprimé leur solidarité. Ils ont été au centre de tri parallèle se moquer des cadres réquisitionnés pour trier le courrier. En effet, pour casser la grève, la direction faisait apporter le courrier dans un camion sur la place centrale des communes, en disant aux usagers : « Venez chercher votre courrier vous-même ». De la poste discount en quelque sorte.

Bref, des journées dynamiques. La Poste est revenue sur l'équivalent d'un demi-poste dans son plan, et les postiers ont prouvé qu'ils pouvaient se faire respecter.