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- Lutte ouvrière n°2326
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CHU d'Angers : Grève aux Urgences et en Médecine digestive
Jeudi 21 février, le personnel des Urgences du CHU d'Angers s'est mis en grève et, le lendemain, c'était le tour de la Médecine digestive. Dans les deux services, ce qui a déclenché la grève est le manque de personnel depuis des mois et l'impossibilité de faire l'ensemble du travail.
La situation du service des urgences d'Angers n'est pas différente de celle des autres CHU. Depuis des mois, le nombre de patients se présentant aux Urgences ne cesse d'augmenter alors que l'effectif du service reste le même. Et, comme la direction a fermé des lits d'hospitalisation complète pour les transformer en hôpital de jour afin de diminuer les coûts, il n'y a plus de lits disponibles pour hospitaliser les patients arrivant aux Urgences.
Dans le service de médecine digestive, deux facteurs se conjuguent : le manque de place, tel que l'on réveille des patients à 5 h 30 du matin pour qu'ils partent à 8 h et pour pouvoir accueillir d'autres malades, et le personnel en dessous du minimum. En plus, de nombreux patients sont en fin de vie et nécessitent plus de soins.
Jusqu'ici, les réactions habituelles face à ces situations étaient souvent plus proches du « dévouement » que de la révolte, et chacune de supprimer son repos pour remplacer une collègue malade, allant même jusqu'à s'appeler mutuellement, sans passer par l'encadrement, pour revenir remplacer pendant son week-end de repos.
La direction, bien qu'alertée par des lettres pétitions des équipes, a traité cela par le mépris, avec à chaque fois les mêmes arguments : « Vous êtes mal organisées », « Vous ne rentrez pas les bons codages pour facturer les soins et votre activité n'apparaît pas », « Le taux d'occupation des lits n'est pas assez élevé ». Elle a même accusé les cadres de ne pas l'avoir prévenue de la situation.
Face aux multiples exemples, de patients attendant quinze heures sur des brancards, de familles agressives car en attente de nouvelles depuis des heures, face au sentiment exprimé par le personnel de maltraiter les patients et de risquer l'erreur à tout moment, d'avoir honte de travailler comme cela, la direction est d'abord restée imperturbable.
La colère s'est donc amplifiée, jusqu'à la grève. Pour la quasi-totalité de ces collègues (120 pour les Urgences et 35 pour le Digestif), c'était leur première grève.
Face à ce mouvement, les directeurs étaient un peu moins fiers. Dans les deux cas, ils ont lâché un peu de personnel : une aide-soignante et une infirmière aux Urgences et une aide-soignante le week-end en Digestif. Un rendez-vous a été pris après les vacances de février, avec un engagement à fournir les postes demandés si le nombre de patients reste le même.
Ce qui a été obtenu est déjà considéré comme une victoire : mettre la direction face à ses responsabilités dans cette situation catastrophique a soulagé. Tout le monde a vu qu'il fallait taper du poing sur la table, que les actes et en particulier la grève sont plus efficaces que les paroles. Bref, tous ont été convaincus !