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Leur société
Fonctionnaires : Jour de carence et carence des salaires
La ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu a annoncé que le gouvernement envisageait de supprimer à la fin de l'année le jour de carence des fonctionnaires, institué par le gouvernement Fillon fin 2011 dans le but démagogique de dénoncer un prétendu avantage dont bénéficiaient les travailleurs du public face à ceux du privé.
À l'annonce de la ministre, ce refrain a été repris en choeur par toute la droite les âneries succédant aux contre-vérités. D'anciens ministres ont crié au « clientélisme », à la « démagogie », on a entendu dire que cette mesure allait ouvrir la porte à tous les abus, les fonctionnaires allant multiplier les arrêts maladie puisqu'ils seront payés dès le premier jour, etc. Quant à Laurence Parisot, la patronne du Medef, elle a dénoncé le fait que la France soit « addicte à la dépense publique » - ce qu'elle est loin de critiquer lorsque ce sont les patrons que l'État arrose de milliards, sous forme d'aides et de subventions !
En fait, l'introduction du jour de carence chez les fonctionnaires n'avait rien changé dans la fréquence des arrêts maladie, pas plus que dans le rapport public-privé, où le nombre d'arrêts est équivalent. En outre, selon des chiffres publiés par un organisme gouvernemental, 77 % des travailleurs du privé sont payés dès le premier jour d'arrêt en vertu d'accords de branches ou d'entreprises. La grande inégalité ne réside donc pas entre les fonctionnaires et les travailleurs du privé, mais entre les titulaires et les précaires qui, du fait de pressions venant de leur hiérarchie ou de leurs patrons, osent moins s'arrêter lorsqu'ils sont malades.
Le gouvernement va donc revenir sur une mesure « injuste, inutile, inefficace et inhumaine », pour reprendre les termes de Marylise Lebranchu. Mais si elle répare une injustice envers des fonctionnaires qui ont le double handicap d'être malades et de perdre une journée de salaire, c'est pour mieux occulter le fait que, si l'État restitue quelques dizaines d'euros à environ 3 % d'entre eux, 100 % n'ont eu aucune revalorisation des salaires depuis trois ans et, du fait de l'inflation, voient leur niveau de vie baisser.