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Belgique : Manifestation contre le blocage des salaires
Entre 30 000 et 40 000 manifestants ont marché dans les rues de Bruxelles jeudi 21 février, pour protester contre la décision du gouvernement de bloquer les salaires en 2013 et 2014, de se livrer à diverses manipulations de l'indexation des salaires, qui réduiront encore le pouvoir d'achat, et aussi contre de nouvelles aggravations de la flexibilité des horaires de travail.
Si le nombre de manifestants n'était pas très important en soi, il était pourtant deux fois plus élevé que ce qu'avaient prévu les organisations syndicales, qui n'avaient lancé qu'un discret appel à manifester, assorti d'un préavis général de grève « pour couvrir ceux qui avaient envie de venir ». Dans les entreprises où existent des délégations syndicales, cela a souvent suffi pour susciter des discussions entre travailleurs, où s'exprimait la nécessité de se retrouver tous ensemble pour se défendre. L'idée était bien présente parmi les manifestants, dont beaucoup étaient conscients « qu'il faudrait bien plus qu'une journée pour changer le rapport de force ».
Un autre aspect positif était le climat amical entre manifestants francophones et néerlandophones, qui s'était déjà révélé lors de la manifestation contre la fermeture de Ford à Genk, en Flandre, le 11 novembre dernier. Cette fois-ci, la délégation de travailleurs de Ford a tenu à défiler à côté de celle d'ArcelorMittal, venue de Liège, en Wallonie, où la multinationale veut supprimer près de 10 000 emplois. « On nous a trop divisés », pouvait-on entendre dans la bouche de manifestants flamands, « cela est mauvais pour les travailleurs ». Des critiques visaient aussi la NV-A, le parti nationaliste flamand qui a le vent en poupe, et dont le dirigeant est maintenant bourgmestre d'Anvers : « Ce parti n'est pas de notre côté. »
Cependant certains slogans reflétaient aussi la désorientation des travailleurs. Un slogan bien connu était ainsi transformé en « De l'argent, il y en a dans les poches des politiciens ». Cette idée était déclinée dans les deux langues sur des calicots et des pancartes fabriqués par les manifestants, s'adressant au gouvernement « qui doit faire quelque chose pour sauver nos emplois » plus qu'ils ne mettaient en cause le patronat. Cette attitude est renforcée par les directions syndicales qui, à Ford comme à ArcelorMittal, cantonnent les travailleurs dans ce type de demande et par contre s'opposent aux mouvements de grève qui cherchent à créer un rapport de force contre le patron, comme lors de la grève des sous-traitants de Ford.
La colère des travailleurs contre le gouvernement et les partis institutionnels est amplement justifiée. Mais elle ne doit pas servir de dérivatif pour éviter de s'en prendre aux capitalistes et à leur système.