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Dans le monde
Grèce : Hollande est venu faire les soldes
Hollande a fait une visite éclair en Grèce, le 19 février, en compagnie de quelques hommes d'affaires. Il a prodigué « un message de confiance et de soutien » à un pays qui ne devrait pas être condamné à une « austérité sans fin », austérité programmée pourtant par des mémorandums qu'aucun gouvernement français n'a remis en cause. Puis il est passé aux choses sérieuses : les affaires.
Il a participé, avec Antonis Samaras, le Premier ministre du gouvernement de coalition droite-Pasok (parti socialiste), à une rencontre entre hommes d'affaires français et grecs et officialisé la création d'un Conseil commun des entreprises grecques et françaises.
Sa visite n'était donc pas de « pure courtoisie », comme l'ont souligné les journaux grecs dont les plus critiques titraient « Hollande vient faire ses soldes » ou « Il est venu pour investir mais est reparti en ayant vendu des frégates ». Les autres relevaient que la France s'intéressait au programme de privatisations des Pétroles helléniques, des aéroports régionaux, du chemin de fer, de l'électricité. Hollande a vanté « le savoir-faire français dans les secteurs comme l'énergie et l'eau », juste au moment où le gouvernement grec commence à mettre en place les appels d'offres pour Depa (Compagnie du gaz) et son organisme gestionnaire (Desfa), pour la Compagnie des eaux de Thessalonique (Eyath) ainsi que les organismes de paris hippiques (Odie) et sportifs (Opap).
Les grands groupes français ne se sont pas précipités pour se mettre sur les rangs, misant sans doute sur une baisse des prix. Mais Total par exemple, qui a déjà obtenu de Chypre des droits d'exploration de gaz et de pétrole dans une partie de ses zones territoriales, pourrait être intéressé par des forages d'autres gisements en mer Egée. En attendant, le gouvernement grec a accepté la location-vente de quatre avions de coopération navale et de deux frégates, parmi celles que la crise l'avait empêché d'acheter en 2009. Le porte-parole du gouvernement grec a précisé qu'il fallait « garantir la sérénité en mer Egée » lieu classique de frictions, voire d'affrontements avec le voisin turc - et que les recherches d'hydrocarbures seraient ainsi « plus efficaces et plus rapides ». Que ne ferait-on pas pour garantir aux multinationales le droit d'exploiter en paix les richesses des autres !
Le résultat le plus clair de la visite de Hollande est donc d'avoir détourné des fonds pourtant indispensables à un pays qui manque de tout. Le chômage touche 27 % de la population et plus de 60 % des jeunes en-dessous de 24 ans. Six ménages sur dix ne peuvent plus couvrir leurs besoins alimentaires ni payer leurs factures d'eau, d'électricité, de chauffage. Et le jour même où Hollande appelait les entreprises françaises à investir, Danone annonçait 900 suppressions d'emplois dans différents pays européens, dont la Grèce. Ce n'était vraiment pas la peine de que Hollande se dérange !