Renault : Tous solidaires... sauf le patron et ses actionnaires08/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2123.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault : Tous solidaires... sauf le patron et ses actionnaires

La presse a abondamment relayé l'information selon laquelle la direction Renault sollicitait ses ingénieurs et cadres pour verser du congé individuel afin d'indemniser à 100 % le chômage partiel des ouvriers. Un dispositif « solidaire et équitable » parait-il.

C'est une façon détournée de dire que ce n'est ni Renault ni ses actionnaires qui mettront la main à la poche, et surtout c'est une fable pour masquer une réalité encore bien plus sordide.

Jusqu'à présent le chômage partiel ne concernait que le personnel de fabrication. Non seulement les ingénieurs et cadres mais tous les techniciens et agents de maîtrise payés au forfait travaillaient. Ce n'était aucunement de la considération envers eux : aucune participation de l'État n'étant prévue, Renault, devant les payer intégralement, préférait à tant faire qu'ils travaillent.

Ce qui est surtout nouveau, c'est que le chômage est maintenant généralisé à toutes les catégories de personnel. Cela ne veut pas dire pour autant que tous seront pareillement concernés puisque la direction envisage selon les sites que le chômage aille de vingt jours pour le « tertiaire » à cinquante jours pour les fabrications. Mais désormais l'État participe à l'indemnisation du chômage y compris des ingénieurs et cadres, et surtout exonère Renault, dans ce cas, de toute cotisation sociale.

La direction va désormais alimenter le fonds d'indemnisation complémentaire propre à Renault par le versement par tous les salariés au forfait, pour chaque journée de chômage, d'un cinquième de journée de congé individuel. Le paiement de congé individuel est soumis normalement à cotisations sociales. Mais, sous prétexte qu'il s'agit d'alimenter un fonds de chômage, Renault escompte une exonération partielle sinon totale de ses cotisations.

Au total, Renault devrait se retrouver gagnant avec ce nouveau dispositif. Pour ne reprendre que l'exemple donné par la direction elle-même, payer le salaire journalier d'un ingénieur IIIA à 185 euros net, même s'il ne travaillait pas, entraînait jusqu'à présent un versement total pour Renault, avec les cotisations sociales salariales et patronales, de 360 euros. Entre la participation de l'État et l'exonération, Renault n'aura plus que 155 euros à débourser pour assurer le même revenu.

Quant à l'ouvrier de production, pour percevoir intégralement son salaire, y compris les primes d'équipe, de casse-croûte, etc, il devra accepter qu'on lui retire un cinquième de jour de congé individuel.

L'indemnisation équivalant à 100 % du salaire net, et encore à condition d'y mettre de sa poche, limite peut-être la « casse » dans l'immédiat pour les travailleurs touchés par de nombreux jours de chômage partiel dans les usines. Mais le fait que ce soit par le biais d'exonérations de cotisations sociales est lourd de conséquence, à terme, pour les caisses maladie, retraites, etc.

La direction déclare ouvertement que son but est de faire baisser à tout prix la masse salariale. En ce qui concerne le personnel de fabrication, elle l'a déjà fait de la façon la plus radicale en mettant fin à tous les contrats d'intérimaires et en mettant les autres travailleurs au chômage. Mais aujourd'hui, sur les 40 000 salariés restant dans le groupe Renault, les ouvriers ne représentent plus que 37 % de l'effectif, et surtout 23 % de la masse salariale, quand les seuls ingénieurs et cadres font 43 % de cette même masse salariale. Le nouvel accord va lui permettre de faire des économies notables sur celle-ci.

Partager