STMicroelectronics - Grenoble : Une entreprise qui bénéficie des largesses des États et qui se porte bien08/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2123.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

STMicroelectronics - Grenoble : Une entreprise qui bénéficie des largesses des États et qui se porte bien

STMicroelectronics emploie 50 000 salariés dans le monde dont 10 000 en France et réalise environ 10 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel. Cette entreprise reçoit d'énormes sommes d'argent public. Pour sa seule usine de Crolles près de Grenoble elle a reçu, entre 2002 et 2007, la somme de 543 millions d'euros.

Et c'est la même chose pour ses sites en Italie, en Chine ou encore à Singapour. À cela s'ajoutent les dizaines de millions d'euros de crédits impôt-recherche. Enfin, en 2009, alors même que STMicroelectronics venait d'annoncer 4 500 licenciements dans le monde, la Commission européenne a autorisé une subvention de 370 millions d'euros pour le site de Crolles, dans le cadre d'un programme baptisé Nano 2012...

Ces subventions permettent, entre autres, à STMicroelectronics de racheter des concurrents, comme par exemple cette année des parties de NXP et d'Ericsson, pour près de deux milliards d'euros, rachats accompagnés du licenciement de plusieurs centaines de salariés à Dresde et Nuremberg et de la menace sur d'autres emplois à Caen, au Mans ou à Grenoble.

La direction s'attaque aux salariés en prenant prétexte de la crise. Le PDG a annoncé le gel des salaires et des embauches, et le recours au chômage technique et aux licenciements. À Singapour des travailleurs chinois dont les contrats ne sont pas renouvelés doivent retourner en Chine. À Malte, plusieurs centaines de licenciements sont annoncés. En France, les contrats des CDD et des intérimaires ne sont pas renouvelés. Plusieurs centaines de travailleurs ont perdu leur emploi. Quant aux collègues des entreprises sous-traitantes dont les contrats ont pris fin, ils sont convoqués par leur hiérarchie pour discuter de leur licenciement à « l'amiable », faute de nouvelles missions.

La direction prévoit jusqu'à six semaines de chômage pendant les deux premiers trimestres de l'année. Les opérateurs de production en sont les premières victimes, comme les soixante du site de Grenoble. Ce sont eux qui ont les plus bas salaires et sont les plus mal indemnisés, car les primes qui forment une part importante de leur revenu, surtout pour les équipes de nuit et de week-end, n'entrent pas dans le calcul des indemnités de chômage. Les pertes peuvent ainsi aller de 100 à 450 euros. La direction quant à elle négocie avec l'État une convention qui doublera quasiment l'indemnisation qu'elle reçoit par heure chômée et par salarié, sans aucune obligation de la reverser.

Sa rapacité et son arrogance n'ont pas de limites. Ainsi, alors que les opérateurs des sites de Grenoble et de Crolles manifestaient contre le chômage le 24 mars, elle annonçait au Comité d'entreprise que la nuit du dimanche au lundi de Pâques, indemnisée jusqu'à présent comme nuit d'un jour férié, ne le serait plus.

La hiérarchie fait le forcing pour sortir la production malgré tout. À Grenoble la pression est très forte pour que les projets avancent et arrivent au plus vite sur les marchés. Mais, comme les projets sont gérés à l'échelle du groupe, la fermeture temporaire d'un centre de conception en Inde peut désorganiser le fonctionnement d'un service en France (ou inversement), obligeant à travailler encore plus vite et plus longtemps.

Pour nombre de salariés de Crolles et de Grenoble, il devient de plus en plus évident que, face au blocage des salaires, au chômage technique et à la menace des licenciements, la réponse devra être la plus large et la plus forte possible. Toute l'attitude de la direction pousse à cette prise de conscience.

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