Continental-Clairoix (Oise) : Faire payer les actionnaires !08/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2123.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental-Clairoix (Oise) : Faire payer les actionnaires !

Cela fait maintenant presque quatre semaines que la direction de Continental a annoncé la fermeture de l'usine de pneumatiques de Clairoix, qui emploie 1 120 personnes, pour mars 2010. Depuis le début, les travailleurs montrent à chaque fois un peu plus leur détermination.

Après leur déplacement à 650 à Reims à l'occasion d'un comité central d'entreprise, leur participation à mille à une manifestation qui comptait 15 000 personnes, le 19 mars, à Compiègne, et la manifestation à Paris le 25 mars, de nouveau à mille, les travailleurs de Continental se sont déplacés à 550 mardi 31 mars pour aller à Sarreguemines, en Moselle, où se trouve une autre usine de pneumatiques du groupe.

Le comité de lutte élu par l'assemblée générale, et qui regroupe plusieurs dizaines de travailleurs, avait organisé ce déplacement de 110 voitures qui sont passées « gratuitement » aux péages et ont parcouru en convoi les presque 400 kilomètres qui séparent Clairoix de Sarreguemines. À l'arrivée, entre deux et trois cents travailleurs de l'usine de Sarreguemines les attendaient pour partir en manifestation jusqu'au Tribunal de la ville. Forts de ce succès, dès le lendemain, ils votaient en assemblée générale l'organisation d'un rassemblement avec des travailleurs des autres usines des environs pour le samedi 5 avril.

Là encore le comité de lutte a montré son efficacité. Des diffusions furent organisées devant toutes les entreprises, Colgate, Saint-Gobain, Aventis, Allard, Bourjeois-Chanel, et bien d'autres, et à la sortie des principaux supermarchés. Et samedi 5 avril plus de 2 000 personnes étaient rassemblées sur la place de l'Hôtel de ville de Compiègne.

Entre deux actions, les ouvriers sont certes dans l'usine, mais pas vraiment au travail. La production de pneus a ainsi été quasiment nulle pour les équipes de week-end des 5 et 6 avril. Tous les jours, des assemblées générales se tiennent à la porte de l'usine regroupant de 400 à 700 travailleurs. La direction a tenté plusieurs fois de s'y opposer en menaçant de ne pas les payer, mais, à chaque fois, elle a dû reculer. Ce sont ces assemblées générales qui décident du mouvement et c'est aussi cela qui renforce les travailleurs.

Les ouvriers de Continental ont choisi de se battre pour obtenir le maximum de garanties pour leur avenir. Ils sentent que s'opposer à la fermeture de l'usine demanderait une mobilisation qui dépasserait, et de beaucoup, les seuls 1 120 travailleurs de Clairoix. Ils ne veulent pas attendre de savoir si le moteur de l'avion va se remettre en route et risquer de sauter dans le vide, comme l'a dit l'un de leur porte-parole. Aussi réclament-ils le maintien des salaires jusqu'en 2012, des préretraites et une prime de 200 000 euros, un « parachute » équivalent à huit ans de salaire. Pour ce faire, ils cherchent à faire pression, et sur l'État puisqu'il prétend s'opposer au plan de Continental, et sur leur patron. La prochaine étape d'ores et déjà fixée est justement une manifestation le 23 avril à Hanovre à laquelle participeraient les travailleurs de Sarreguemines et ceux des usines allemandes du groupe, jour où doit se tenir l'assemblée générale des actionnaires.

Une chose est sûre. Les actionnaires de Continental pourraient largement payer. Ce que réclament les travailleurs ne représente au total que moins de la moitié des profits réalisés par le groupe Continental-France pour la seule année 2008.

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