Airbus - Toulouse : Les travailleurs ne veulent pas des broutilles08/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2123.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Airbus - Toulouse : Les travailleurs ne veulent pas des broutilles

Pour Airbus, 2008 a été une année record : 483 avions livrés, 1,3 milliard d'économies réalisées grâce au plan Power8 de suppressions d'emplois et d'augmentation de la productivité sur le dos des travailleurs, un bénéfice net de 1,79 milliard d'euros, soit 63 % du bénéfice de EADS, et il y a pour sept ans de travail.

C'est dans ce contexte que les travailleurs ont appris par courrier à domicile, le dernier week-end de mars, le montant de la prime de participation : de 100 à 350 euros.

À la première heure, lundi 30 mars, dans les ateliers, le mécontentement s'exprimait : « Pourquoi la prime de participation n'était-elle pas à la hauteur de la prime d'intéressement, soit 1 500 euros ? ». Et très rapidement des débrayages quasi spontanés d'une demi-heure à une heure, le téléphone portable aidant, avaient lieu : d'abord à la chaîne d'assemblage de l'A340, rejointe par ceux du Commercial et de la Peinture, ensuite à l'A320, à l'A380, à Saint-Eloi où sont assemblés les mâts réacteurs. Un débrayage avait même lieu en nuit à l'A380. Environ 700 travailleurs, essentiellement des ouvriers, ont débrayé. Partout des délégations ont été reçues par les chefs de secteur ou les RH, qui n'ont fait qu'enregistrer le mécontentement. Puis, toute la semaine, les discussions ont continué.

Vendredi 3 avril, la direction convoquait les organisations syndicales pour leur annoncer qu'elle accordait, en plus, une prime exceptionnelle de 400 euros, soit 300 euros net. Les réactions étaient diverses : « C'est mieux que rien », « Ça ne fait pas le compte », « Si on avait débrayé plus longtemps et plus nombreux, on aurait eu plus »... Lundi 6 avril, des ouvriers de l'A320 ont, à une centaine, voulu manifester leur mécontentement en s'adressant aux responsables FO, le syndicat majoritaire, devant leur local à Louis-Bréguet. Ceux-ci ont répondu qu'on ne pouvait pas modifier le calcul de la prime de participation, qu'il valait mieux demander des augmentations de salaire et donc qu'il fallait attendre la prochaine réunion de négociation sur les salaires qui devrait avoir lieu mi-avril. Ce sera la troisième ! Et la direction, prétextant le contexte de crise, n'a pour l'instant promis que 1,4 % d'augmentation.

Remplacer l'action gréviste par des parlottes autour du tapis vert, ce n'est pas ça qui fera céder le patron. Seule la détermination des travailleurs peut changer le rapport de force et le faire reculer.

Certes, les travailleurs ne pouvaient obtenir les 1 500 euros qu'ils voulaient par un simple débrayage. Mais si la direction a dû reculer, c'est à cause de la spontanéité du mouvement et de son développement dans tous les ateliers. Une leçon à retenir, notamment pour la prochaine réunion patron-syndicats sur les salaires.

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