Italie : Le Tremblement de terre des Abruzzes - Comment un séisme moyen peut faire beaucoup de morts08/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2123.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Le Tremblement de terre des Abruzzes - Comment un séisme moyen peut faire beaucoup de morts

L'article suivant émane de nos camarades italiens de L'Internazionale à la suite du tremblement de terre qui a détruit la ville de L'Aquila, le 6 avril.

Les mots « tremblement de terre » sont utilisés souvent comme métaphore pour parler de profonds changements politiques, économiques et sociaux. Mais on retrouve la vraie signification du mot quand se produisent les vrais tremblements de terre, lorsque les maisons s'écroulent et que des gens meurent. Le tremblement de terre des Abruzzes a focalisé l'attention du public, les « tremblements de terre » virtuels ont été laissés pour le moment de côté et les informations ont donné leur place à la tragédie, aux centaines de morts, aux sinistrés, à l'action des volontaires et de la protection civile.

À l'heure où nous écrivons, à peine douze heures sont passées depuis la plus forte secousse, celle de 3 h 32 du matin du 6 avril. C'est encore l'émotion qui domine, et les appels à l'unité et à la concorde se multiplient face à une tragédie qui prend déjà, dans les déclarations des organes de gouvernement, les caractéristiques d'une fatalité.

Selon les techniciens de l'Institut national de Géophysique il s'est agi d'un séisme d'intensité moyenne, qui a été précédé par au moins une vingtaine d'épisodes sismiques depuis le mois de janvier. Ils expliquent que la faille qui se trouve à l'est de la ville de L'Aquila tend à s'élargir de quelques millimètres par an, éloignant pour ainsi dire les deux versants, tyrrénien et adriatique, de la partie centrale de l'Italie. L'épisode lui-même n'est pas prévisible quant à sa date et à sa localisation précise, mais il n'y a aucun doute que toute la région est, de façon notoire, à haut risque sismique.

Alors se repose la question qui s'est déjà posée mille autres fois : peut-on accepter que la vie d'une partie de la population soit mise en danger, non pas par la fatalité des tremblements de terre mais par la criminelle incurie des constructeurs, quand il s'agit des édifices les plus récents, et par la tout aussi criminelle négligence quant à l'entretien des bâtiments des centres historiques des villes de la part des autorités à tous les niveaux ?

Le tremblement de terre de L'Aquila et de la province avec des villages comme Tempera et Onna presque complètement détruits, avec le foyer des étudiants de la ville qui s'est transformé en piège mortel, de même que l'hôpital, nous place face à l'absurdité et à la criminelle dangerosité d'un système économique et social qui, au 21e siècle, ne réussit pas à disposer, à organiser et à restructurer le système du logement selon des notions antisismiques, qui depuis longtemps sont acquises par l'ingénierie du bâtiment, un système qui n'a pas réussi non plus jusqu'à présent à prévoir un plan d'évacuation d'urgence en cas de tremblement de terre dans une zone dont le degré de risque sismique est assez connu pour être inscrit jusque dans les livres de géographie des écoles élémentaires.

À l'heure où nous écrivons, on fouille les ruines. À San Gregorio l'intervention des pompiers a permis de sauver tous les enfants de l'orphelinat local. Il n'est pas moins urgent de fouiller dans les causes véritables de cette tragédie « naturelle » et de tant d'autres. Sous les ruines et le nuage de poussière des discours, des larmes de crocodiles et des déclarations officielles on trouvera que la logique du profit est à la base aussi bien de la construction défectueuse des bâtiments les plus récents que des coupes dans les chapitres de dépenses publiques destinées à l'entretien, à la mise aux normes et au contrôle des bâtiments plus anciens. La force assassine n'est pas la nature, mais le capitalisme.

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