Lear - Lagny-le-Sec (Oise) : De nouveau en grève08/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2123.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Lear - Lagny-le-Sec (Oise) : De nouveau en grève

Les travailleurs de Lear avaient déjà fait grève du 23 janvier au 10 février. Deux mois après, les ouvriers de Lear à Lagny-le-Sec reprennent la lutte.

Les salariés de Lear fabriquent les sièges de la Citroën C3 et de la C2 pour l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois. Environ 300 ouvriers y travaillent, dont près d'un tiers d'intérimaires. En janvier dernier, les travailleurs de ce site apprenaient la fermeture de leur usine à la fin de la fabrication de la C3, prévue en décembre 2009. La direction leur avait fait le chantage suivant : travailler à l'usine de Cergy (à 80 km de Lagny !), sinon c'était le licenciement. C'était d'autant plus choquant au moment où le gouvernement versait huit milliards à l'automobile sous prétexte de « maintenir les emplois ».

Après cette première grève, la direction lâchait du lest. Elle ne revenait pas sur sa décision de fermer l'usine mais elle accordait quelques primes à ceux qui acceptaient d'être mutés. L'accord mentionne, par exemple, qu'en cas de déménagement, les rideaux du nouvel appartement seraient remboursés jusqu'à 2 000 euros ! Ceux qui refusaient avaient, en plus de leurs indemnités de licenciement, une prime de 15 000 euros. De l'avis général, c'était bien peu, mais il faut dire que tous les responsables syndicaux du site, à l'exception de celui de la CFTC, se sont empressés de signer l'accord et ont mis leur poids dans la balance pour faire reprendre le travail.

PSA et la direction de Lear pensaient s'en tirer à bon compte, et bien non ! Vendredi 3 avril, les ouvriers apprenaient que lorsqu'ils iraient à Cergy, leur salaire serait baissé de 200 euros ! La direction se justifiait en prétextant que la convention collective de la Région parisienne était inférieure à celle de Picardie et que les primes compensaient la perte de salaire... Mais son discours n'a pas marché. Le lundi suivant, toute l'équipe du matin s'est mise en grève, rejointe, en début d'après-midi, par presque toute l'équipe du soir. À 22 h, l'équipe de nuit aussi rejoignait le mouvement. Forts de leur nombre, les grévistes exigent que la direction revoie à la hausse ses propositions.

La direction de Lear est bien sûr très gênée par la grève, mais il n'y a pas qu'elle. Dès 10 heures du matin, soit à peine quatre heures après le début de la grève, les C3 sans sièges commençaient à sortir des chaînes d'Aulnay. Ce sont les charmes du flux tendu... Il faut préciser qu'il reste 1 500 voitures sans sièges sur le parking, suite à la grève de février ! Et puis, cette grève intervient au moment où, pour faire face à la demande, la direction d'Aulnay a programmé plusieurs journées travaillées supplémentaires, dont deux pendant le week-end de l'Ascension.

Pour tenter d'intimider les grévistes, la direction de Lear les a assignés devant le tribunal pour « grève illégale » et a demandé leur évacuation par la police. Nous ne savons pas quelle sera la décision du tribunal mais quelle que soit la décision, les grévistes sont sûrs de leur bon droit. Ils s'indignent : « Que les patrons mettent 80 000 personnes au chômage par mois, c'est légal, mais que les ouvriers se défendent contre ça, c'est illégal ! »

Les grévistes sont conscients qu'ils ne sont pas seuls, que leur lutte s'ajoute à celle de ceux de Continental et de bien d'autres. Et bien sûr, cela renforce leur détermination.

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