Suicides en prison : Cachez ce rapport08/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2123.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Suicides en prison : Cachez ce rapport

Jeudi 2 avril, un homme de 30 ans a mis fin à ses jours au centre de détention de Poitiers. C'est le trente-neuvième suicide depuis le début de l'année dans les prisons françaises, un rythme en croissance après le sinistre record d'Europe de 2008 avec 115 décès.

Le même jour le docteur Albrand, chargé de présider une commission sur la prévention du suicide, boycottait la cérémonie officielle de remise du rapport au ministère de la Justice. Fin 2008, devant l'émotion suscitée par la montée du nombre de morts en prison, et en particulier de tout jeunes détenus, la garde des Sceaux Rachida Dati avait fait mine de prendre le problème en mains, en chargeant ce médecin de travailler sur les mesures à prendre d'urgence.

Le rapport Albrand ne préconise pas des mesures extrêmes, mais une simple amorce d'humanisation des régimes de détention : limitation des durées de séjour au « mitard », prise en charge plus collective des détenus, droit de visite dès la première semaine, téléphone permettant aux détenus d'accéder à un soutien psychologique en cas de besoin. Mais surtout il insiste dans sa préface sur l'incidence de la surpopulation - près de 63 000 détenus pour 51 000 places, qui rend les conditions de détention tellement insupportables que certains vont jusqu'à préférer mourir.

Mais ce simple constat semble avoir été au-delà de ce que les services ministériels soutenus par l'Administration pénitentiaire avaient décidé de tolérer. La préface a donc été supprimée ainsi que les conclusions du rapport. Le docteur Albrand a alors dénoncé ce tour de passe-passe du gouvernement. La CGT du personnel pénitentiaire s'est indignée de cette manipulation et prévoit des actions courant mai pour dénoncer le manque de personnel qui aggrave les conditions de vie et de travail au sein des prisons. La petite manoeuvre du gouvernement, alliant désinformation et politique de l'autruche, a fait long feu. Au lieu d'occulter ce rapport, le scandale provoqué par la censure a permis qu'il apparaisse en toute lumière et avec tout son contenu.

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