Italie, 4 avril : Des centaines de milliers de travailleurs manifestent à Rome08/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2123.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie, 4 avril : Des centaines de milliers de travailleurs manifestent à Rome

La CGIL, la principale centrale syndicale italienne, a réussi son pari samedi 4 avril en réunissant plusieurs centaines de milliers de personnes dans une manifestation nationale à Rome et en remplissant pour son meeting final l'immense Circo Massimo.

Alors que la crise économique s'étend dans le pays, les raisons de mécontentement ne manquent pas pour les travailleurs : entreprises qui ferment les unes après les autres ou qui envoient leurs salariés en « cassa integrazione » (chômage partiel) pour une période indéterminée, travailleurs précaires renvoyés chez eux sans aucun droit, insécurité au travail, services publics décadents par manque de financements et de personnel. Tout cela s'ajoute et fait croître l'inquiétude au sein des couches populaires sans que le gouvernement Berlusconi y réponde autrement que par les plaisanteries douteuses du Premier ministre ou d'odieuses campagnes anti-immigrés évidemment conçues pour faire diversion.

C'est pourtant un peu contrainte et forcée que la CGIL s'est résolue à organiser une telle manifestation contre la politique gouvernementale. Elle se trouve en effet isolée des deux autres confédérations syndicales, la CISL et l'UIL, qui cautionnent pleinement les projets antiouvriers du gouvernement et notamment la réforme du modèle contractuel : celle-ci vise à remplacer les conventions collectives négociées jusqu'à présent au niveau national dans les différentes branches professionnelles, en généralisant les accords d'entreprise. Cela annonce évidemment des accords de plus en plus défavorables aux travailleurs et la CGIL, malgré des hésitations, a refusé de donner son aval à cette réforme. Il lui faut maintenant démontrer qu'il faudra malgré tout compter avec elle.

Malheureusement, le moins qu'on puisse dire est que les dirigeants de la CGIL n'ouvrent pas une perspective bien claire aux travailleurs italiens. « Maintenant il faut que le gouvernement ouvre une véritable négociation » a déclaré en tout et pour tout son secrétaire général, Guglielmo Epifani, demandant aussi un référendum sur le « nouveau modèle contractuel » proposé par le gouvernement, le patronat et les autres confédérations syndicales.

Alors que la crise s'étend, alors que le patronat et le gouvernement s'entendent pour en faire retomber toutes les conséquences sur les couches populaires, alors qu'ils proclament ouvertement leur intention d'en profiter pour imposer de nouveaux reculs des droits sociaux, les travailleurs italiens ne peuvent cependant se contenter de donner un chèque en blanc à Epifani pour les défendre dans d'hypothétiques négociations. La CGIL elle-même, depuis des années, s'est prêtée à la politique dite de concertation en cautionnant toute une série de reculs.

Alors, la force démontrée par une partie des travailleurs le 4 avril à Rome aura à se déployer bien plus largement, dans les entreprises et dans la rue, pour imposer face à la crise leurs exigences au patronat et au gouvernement.

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