Amora-Maille - Dijon : Une grève qui a fait reculer la direction08/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2123.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Amora-Maille - Dijon : Une grève qui a fait reculer la direction

En novembre dernier, le trust Unilever qui possède Amora a annoncé qu'il fermait l'usine de Dijon et celle d'Appoigny dans l'Yonne et supprimait 296 emplois. La grève a démarré lundi 16 mars. Les travailleurs se sont mis en colère quand ils ont appris que la direction ne voulait presque rien leur verser en guise de prime de préjudice moral et que même cela, elle le conditionnait à l'ancienneté. Par exemple, pour quelqu'un ayant travaillé dix ans, cela aurait fait 12 000 euros.

Ils étaient tellement en colère qu'ils ont revendiqué 400 000 euros. Selon l'intersyndicale, c'est le prix d'une maison sur Dijon, plus 150 000 euros pour se retourner et, toujours d'après ses calculs, cela ne représente pour l'ensemble des licenciés que 1,8 % des bénéfices d'Unilever, l'an dernier. En effet, ceux-ci se sont montés à 5,3 milliards. L'usine Amora de Dijon, elle aussi, a fait des bénéfices : 22 millions en 2007 et 28 millions l'an dernier.

Les trois usines se sont déclarées en grève illimitée : celle de Dijon, celle d'Appoigny et aussi celle de Chevigny qui n'est pas touchée par les licenciements mais qui s'y est jointe par solidarité.

La direction a alors proposé de rapatrier la production de vinaigrette de Tchéquie. Mal lui en a pris. C'est cela qui a mis le feu aux poudres car cela a été pris comme une véritable provocation. En effet, elle l'avait délocalisée il y a trois ans, sous prétexte que l'usine de Dijon n'était pas assez rentable. Et de plus, cela ne pouvait sauver que 32 emplois. Les travailleurs ont alors bloqué le dépôt, où sont stockées 32 000 palettes de produits finis, leur « trésor de guerre » comme ils l'appellent, qu'ils ont surveillé nuit et jour.

Ils sont aussi allés expliquer leur mouvement aux clients du Carrefour tout proche en retirant des rayons les produits Amora, avec la sympathie et le soutien de la clientèle.

Au bout d'une semaine et demie et devant le rapport de force, le PDG a commencé à reculer en montant la « prime de préjudice » à 50 000 euros et ce, quelle que soit l'ancienneté. Avec la prime légale de licenciement, cela ferait un montant minimum de 65 000 euros. Mais c'était assorti d'un chantage : si les syndicats refusaient de signer, il fermerait aussi la troisième usine, celle de Chevigny. Les confédérations syndicales ont aussi fait pression sur leurs représentants locaux pour qu'ils signent. Celui de la CFDT qui était menacé d'être exclu de son syndicat l'a fait. Ceux de FO et de la CGT ont refusé mais n'ont pas dénoncé l'accord et ont arrêté le mouvement.

Pour beaucoup de travailleurs, toutes ces manoeuvres prouvent que la direction, pour la première fois, se sentait menacée, et qu'en continuant la grève et le blocage sans céder au chantage, ils avaient les moyens d'obtenir davantage. Néanmoins, ils ont gagné ce que toutes les tractations et les rendez-vous entre officiels depuis le mois de novembre n'avaient pas permis d'obtenir, à savoir quatre fois plus que ce que la direction voulait leur verser au départ.

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