Toyota-Onnaing (Valenciennes) : Première grève à l'usine08/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2123.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Toyota-Onnaing (Valenciennes) : Première grève à l'usine

Lundi 6 avril a démarré la première grève à l'usine Toyota d'Onnaing près de Valenciennes. Depuis des semaines, un ras-le-bol général montait contre les cadences, les pressions de l'encadrement, les conditions de travail et bien sûr les salaires trop faibles pour vivre.

Les quatre jours de chômage technique, conséquence de la grève de 18 jours de Faurecia Auchel qui fournit les garnitures de portes, payés 60 % et non 100 %, ont fait déborder la coupe. D'autant plus que Toyota a touché des indemnités de Faurecia pour défauts de livraison !

Déjà vendredi 3 avril, 80 ouvriers de l'équipe du matin ont fait grève 1 heure 30 en fin de poste, soutenus par les militants de FO et de la CGT. Dans l'équipe d'après-midi, le mot d'ordre d'une assemblée générale à la prise de poste le lundi matin faisait le tour de l'usine.

Ce jour-là, c'est à 70 que la grève a démarré dès 5 h 30. Les grévistes ont fait le tour de l'usine, y compris des bureaux administratifs et de la direction, ce qui fait qu'ils se sont retrouvés à une centaine dans le courant de la matinée.

Les salaires ont été largement discutés, notamment les 300 euros d'augmentation demandés par la CGT, la prime de 3 000 euros obtenue par les ouvrières et ouvriers de Faurecia-Auchel, que la direction avait voulu nier, et aussi la prime de 1 000 euros obtenue par les travailleurs de Faurecia-Somain (qui fournit les sièges à Toyota) après une demi-heure de grève... Finalement, un vote unanime a exigé que Toyota paye à 100 % le chômage technique passé et à venir. Mais une partie des grévistes ne voudraient pas en rester là, d'autant plus que Toyota-Onnaing a les moyens ! Rien qu'avec ce site, les actionnaires ont engrangé 82 millions d'euros de bénéfice en 2008, soit plus de 25 000 euros par salarié ! Quant au groupe Toyota, il a accumulé 100 milliards de dollars de profits ces dix dernières années !

L'ensemble des grévistes de l'équipe du matin a accueilli l'équipe d'après-midi à la porte, dans une ambiance survoltée. 150 ouvriers d'après-midi se sont alors mis en grève et le sont restés toute la journée et ont accueilli de même l'équipe de nuit, où une autre centaine d'ouvriers se sont mis en grève à leur tour. Mardi matin 7 avril, la grève a continué, un peu plus forte que la veille, avec 100 ouvriers en grève. Et l'après-midi ce sont encore 150 ouvriers qui n'ont pas pris le travail et ont continué à manifester dans l'usine, discutant entre eux et avec les travailleurs hésitants.

Bien sûr, les grévistes sont minoritaires, environ 10 % dans chaque équipe de 900 environ. Mais quand, lundi matin, la direction a mis les chefs et tous ceux qu'elle a trouvés à travailler sur les chaînes, il manquait quand même un quart de la production. Et l'après-midi la production était encore plus ralentie.

Les grévistes savent que Toyota ne fera pas facilement des concessions, même s'il y a une forte demande pour les Yaris, notamment en Allemagne, du fait de la prime à la casse. Le directeur du site a même déclaré devant ses cadres : « Je préfère crever que de payer 100 % » ! C'est que tous les actionnaires et les patrons craignent la contagion des grèves venant des grandes entreprises. C'est ainsi que le personnel présent sur le site du transporteur Willy Betz, qui achemine à l'usine en flux tendu une partie des pièces détachées, s'est déclaré en grève avec ceux de Toyota... Il n'a alors fallu que quelques heures pour que la direction lui cède 2 % d'augmentation des salaires et une prime de 100 euros par mois jusqu'à la fin de l'année !

Dans cette usine Toyota, les ouvriers sont très majoritairement jeunes. Beaucoup se sont mis en grève en sachant que ce serait difficile, et ce premier pas a déjà permis de surmonter la peur. Les brimades ne peuvent pas être supportées éternellement !

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